Manifeste pour une Poésie Embaumée


Officiant du culte de Marisol,
j'ai composé des hymnes
qu'on n'avait jamais entendus auparavant
ou qu'on n'avait pas entendus
depuis deux millénaires,
tout au moins en Europe!


Dans ces hymnes, je nomme les êtres et les choses
auxquels je me frotte poétiquement,
remplissant ainsi la fonction première de la poésie
qui consiste à nommer,
à attribuer des noms
au monde dans lequel nous respirons!
Or, je m'insurge contre la tendance actuelle
à ne pas nommer, à laisser dans le vague
qui toujours et très stupidement
est un vague à l'âme,
lui-même insondable!
Le poète se présente ainsi
comme un être décorporisé, asexué,
dépourvu de nom, de race ou de condition
et ne manifeste aucune préférence, aucun goût
pour un pays élu ou un être adoré!
Et certes, cette abstraction était une nouveauté,
il y a un siècle,
mais n'est aujourd'hui qu'un lieu commun!


Moi-même, cédant à ce culte de l'abstrait,
aux conséquences si néfastes pour la spiritualité,
je me suis refusé à divulguer
le nom de Marisol
et j'ai ainsi créé l'impression
de m'adresser à une multitude de femmes,
alors que ces jeunes femmes
n'étaient que les nombreuses facettes
d'une femme brune aux yeux noirs
qui se nomme Marisol!


Non, mon oeuvre est de nature donquichottesque
et non pas donjuanesque!
Non, je ne suis pas un coureur,
je suis un Fidèle d'Amour
dont le pays est le Grand Sud
et dont l'idole est Marisol!
Car être poète, c'est nommer,
c'est parler, parler au peuple,
parler aux dieux!
Parler pour dire quelque chose
de grand, d'élevé
et qui ait un corps, une saveur et un parfum!


L'ENIGMATIQUE BEAUTE DE MARISOL

RECUEIL INEDIT. DU 28 NOVEMBRE AU 10 DECEMBRE 2013