Ode à Rhodes
Ô île triomphale,
proche de Cnide l'Unique
où se trouve l'Aphrodite de Praxitèle,
ô île dorienne
ceinte de félicité
et traversée de long en large
par le mont Atabyre
sur la croupe de qui
veille Zeus, le Fils du Temps!
Quand le titan Hélios-Soleil
était à la recherche
d'une contrée qui serait toute à Lui,
c'est toi qui surgis
et qui t'es offerte à Lui
comme une terre qu'Il aurait reçue en apanage,
une terre Lui appartenant en propre!
Et, c'est à l'ombre de tes pins de la luxure
que le Maître de la lumière éblouissante,
le Dieu des cavales de feu,
fit la connaissance de la nymphe Rhodes,
la Rhodos des Hellènes,
qui était fille de Cypris!
Or, Hélios et Rhodos,
après s'être longuement
et avec grâce
poursuivis dans un bois sacré d'Athéna,
ils ont juré une amour éternelle l'un l'autre,
auprès d'une fontaine
qui chantait comme une flûte royale
jouée par une princesse musicienne,
cependant que dans les orangers
tout proches
prophétisaient les cigales
du doux été!
Et leur union dura et dura
trois jours et trois nuits consécutifs,
pendant lesquels Hélios
ne monta point dans le firmament
sur son char d'or
tiré par les coursiers
qui soufflent le feu!
Et vint le quatrième jour
et le Soleil a lui dans le ciel
comme un tigre
moucheté de rubis de sang
et la Terre Mère respira
soulagée!
Sept fils sont nés
de la sainte copulation
du Soleil avec Rhodes,
sept fils qui plus tard
devaient se distinguer
dans le travail des métaux
et dans l'art de la statuaire!
Et ils ont engendré trois enfants
qui chacun donna son nom
à l'une des trois cités de l'île:
Kamiros, Ialysos et Lindos!
Ô île du Paradis,
émeraude de l'Eden,
fille de Vénus
et amante du Soleil,
dans tes entrailles ont été engendrés
les fils et les filles d'Hélios,
ces rois et reines qui sans arrogance
et sans insolence
gouvernent l'univers
et qui irriguent la terre
de la pluie d'or de leur justice
et de la neige d'or de leur amour!
Et les lois que ces rois
et que ces reines
ont établies,
de régir aussi bien notre coeur
que notre âme et que notre esprit!
LA FIN DE L'ERRANCE
EDITIONS ENCRES VIVES. SEPTEMBRE 2006