Hymne à Egine


Que la pourpre de cette ode
illumine le havre d'Egine
dont les lumières cillent
au clair de lune mystique!


Ô île bienheureuse,
tu sembles une jeune dame
à la chevelure dénouée,
aux bras ouverts
et qui offre son sein
à la force méridienne
et au beau nonchaloir de Neptune,
le Dieu de la mer
qui la cajole, la caresse,
la baise sur sa bouche de corail
et, enfin, la pénètre
par tous les pores de son coeur
et jusqu'au tréfonds de son âme!


Or, tu es la même maîtresse de vérité
que l'antique épouse d'Eaque,
celle dont les fils Pélée et Télamon
prirent Pergame
avec le concours d'Hercule
et dont l'arrière petit-fils Néoptolème
ouvrit le premier une brèche
dans les murailles de Troie,
cette fois définitivement tombée
entre les mains des Danaens!


Ô île allègre,
tu es aussi la contrée
où, plus que partout ailleurs,
l'honneur de l'Etranger,
l'honneur du Métèque,
est religieusement respecté!


Pindare ne te nommait-il pas
colonne divine qui protège
les étrangers de toute nation?


Oui, c'est Thémis,
la Déesse de la Justice
et salutaire assistante de Zeus Xénios,
ou Zeus l'Hospitalier,
que tu honores
plus que toute autre divinité!


Or, deux sont les filles de Thémis:
la première s'appelle Eunomie,
c'est celle qui préside
au respect des belles lois
d'où naît le jardin des Grâces
messagères de luxe, de calme
et de volupté!


Et la seconde enfant de la Justice,
c'est la Paix,
la paix qui permit à tes marins,
ô cité jaillie de l'onde,
de sillonner les mers
du vaste univers,
harmonieux comme un collier
à trois rangs d'émeraudes,
et à tes marchands
d'imposer ta thalassocratie
et tout ton empire resplendissant
sur le golfe de Saronique
et même au-delà,
dans l'archipel grec!


Dors à présent,
ô dame très courtoise
et enchanteresse,
oui, dors dans mes bras
qui rêvent,
cependant que je baise tes lèvres
d'Artémis Aphaia!


LA FIN DE L'ERRANCE

EDITIONS ENCRES VIVES. SEPTEMBRE 2006