La Fête de mes Yeux
Ô Marisol, fête de mes yeux,
Annonciation de mon amour,
épousailles de mon phallus,
Assomption de mon désir,
toi, mon ange de la terre,
mon angelette un tant soit peu dantesque,
toi, Béatrice de ma chair, Laure de ma mémoire,
tu es, relativement à moi,
ce que fut Héloïse à Abélard:
tout le raffinement d'une passion
née lors de mon vingt-quatrième printemps
et qui devait perdurer jusqu'à aujourd'hui
où je me trouve au seuil de la sénescence,
toujours portant sur mes épaules
le poids de ton regard pénétrant d'antan
et de ton derrière céleste de jadis,
ô toi qui, à présent, dois être
une vieille dame mexicaine ratatinée,
se souvenant à peine de sa jeunesse folle
où elle battait le pavé,
à la recherche de l'amant
à la verge la plus puissante,
à la recherche de la sensualité la plus perçante,
la plus bouleversante, la plus brûlante,
plus brûlante que le feu
ou qu'un soleil de Juillet
et plus poignante et plus pathétique
que le souffle des créatures encore jeunes,
des êtres encore en leur printemps!
Tu étais une rose écarlate,
pleinement épanouie,
lorsque je t'ai rencontrée à Aix,
ville-rencontre, ville royale,
mais aussi ville-poison,
lieu où tout commença à prendre forme,
lieu où j'ai failli connaître la félicité
et où à la fois j'ai gagné et perdu ma vie
et d'où je fus chassé à coups de pierres,
lieu infini où je devais me lier à toi,
Ô Marisol adorée,
par une amour inachevée, inaboutie,
platonique, c'est-à-dire infructueuse!
Or, aujourd'hui, avec le recul du temps,
je plains les amants platoniques,
car ils manquent l'essentiel:
la beauté du cul et de la vulve de la femme
et la force démoniaque du phallus de l'homme!
TOURBILLONS DE SOLEILS
RECUEIL INEDIT. DU 02 AU 12 JANVIER 2014