À la Princesse de mon Coeur
Chaque fois qu'une belle femme passe,
je m'attriste,
car je songe à Marisol
à qui, par un dimanche nuageux de Novembre,
j'ai dû dire adieu,
en la regardant dans ses beaux yeux
qui me souriaient avec le sourire enchanté
d'une séductrice mexicaine,
oui, je lui ai dit adieu,
sans une larme, sans un mot de tendresse,
sans un mot d'amour!
Je disais de la sorte adieu
à toute possibilité de triomphe,
à toute probabilité de bonheur
et je refermais la porte de ma jeunesse
que j'avais entrouverte pendant un printemps
et un été!
Depuis, je demande les yeux de ma Marisol
aux hirondelles qui passent,
au vent du Sud, quand il souffle,
aux douces gazelles autour desquelles
je rôde
et jusqu'aux moineaux au regard fixe!
Or, seule entre toutes les femmes
que j'ai abordées,
Marisol était plus qu'un regard d'oiselle,
plus qu'une chaleur de levrette arabe,
plus qu'un bec de perroquet du Brésil,
plus qu'une maigreur et une froideur de mannequin!
En vain j'essaie d'avoir une image mentale
précise de son corps, oui, de sa croupe,
de ses cuisses ou de ses petits tétons!
Je me souviens avec exactitude
de sa chevelure châtaine et parfumée
et dans laquelle pouvaient chanter les grillons,
de sa bouche vermeille
d'où la volupté pleuvait,
de son nez tout droit et mince,
de ses prunelles noires à l'extraordinaire profondeur,
de sa sveltesse de cyprès,
de sa légèreté de roseau,
de sa souplesse de bambou,
de la finesse de sa taille
et de son teint de nacre!
Or, j'étais si amoureux de son âme
que je n'accordais l'importance qu'il fallait
à ses chères courbes!
Ô Marisol, pour te célébrer,
j'emprunte des éléments de beauté physique
à des passantes parfaitement inconnues!
Car tu es pour moi la princesse de mon coeur
qui réunit en sa personne
toutes les beautés du corps
et toutes les beautés de l'âme!
LE CARAVANIER DE MARISOL
RECUEIL INEDIT. DU 24 JANVIER AU 03 FEVRIER 2014