Hommage à l'Eté
Les cigales prophétiques célèbrent
dans les feuilles smaragdines de l'oliveraie
la grâce ovale des olives,
leur goût doux-amer,
leur succulence marine,
leur saveur attique
et leur arôme de suintante volupté!
Elles chantent aussi les vents étésiens,
ces vents frais et vigoureux
qui soufflent en été
de la mer Noire
sur toute l'Hellade
et qui apportent, dans leur haleine
véhémente et froide,
une pause amoureuse à la canicule,
la fête ardente de la chaude saison
et les teints hâlés par le soleil de midi,
mais veloutés par la lune de Juillet!
Et sur la plaine côtière de Marathon,
ces vents enivrés d'eux-mêmes,
de sculpter les traces des pas d'Aphrodite
rentrant dans son élément naturel,
la mer!
La Déesse y tissera
des amours nouvelles avec Dionysos,
le Dieu des métamorphoses
variées et inattendues,
étant elle-même la plus changeante
des divinités!
Or, le Père des vents étésiens
est aussi le géniteur de l'Orient,
ou de l'Aurore
comme l'appellent les Grecs,
ainsi que de l'Etoile du Matin,
l'Eôsphoros des Hellènes,
le Lucifer des Latins,
en qui les chrétiens voient
un Ange damné!
C'est pourquoi, moi-même,
couché sur un hamac,
je contemple les yeux des rossignols
qui chanteront cette nuit,
tout en écoutant religieusement
l'éloge des grands vents écheveleurs,
tressé par les cigales
aux corps d'insectes
et aux voix de géants
et dont le coeur luit au soleil,
strident comme la sagesse
et joyeux comme une alouette
et torrentiel comme l'Âme du monde!
ENDYMION ET LA LUNE
RECUEIL INEDIT. JUILLET 2006