La Seconde Naissance


Ô Marisol,
mon allée de jeunes soleils d'un jaune merveilleux,
l'histoire de ma rencontre avec toi
a beau paraître romanesque,
elle n'en est pas moins une histoire vraie:
tu m'aperçus pour la première fois
en suivant paisiblement un sentier bordé de roses!
J'étais assis sur un banc public!
J'étais nu comme au jour de ma naissance!
Ma verge était gonflée d'amour
et mes testicules étaient lourds de semence!
Quant à toi, ta chevelure châtaine
se balançait sous une ombrelle de Chine!
Tes aisselles chantaient
comme un essaim de milliers de quetzals!
Ton pubis brillait comme une rue
qui vient d'être goudronnée!
Ta croupe allait et venait,
de gauche à droite et de droite à gauche,
comme un voilier à trois mâts sur la mer
ou ainsi qu'une ânesse vigoureuse,
chargée d'ananas frais et de bananes douces,
cependant que le marchand de fruits
la cravache de temps en temps
par derrière!


Ton clitoris lançait des feux de Bengale à mon pénis!
Ton anus s'offrait à mon regard,
comme un livre bien-aimé, aux miniatures persanes,
il frémissait comme un coquelicot au vent,
il frétillait comme un poisson juvénile
et dansait comme une étoile de mer!
Tes reins ronds et tes cuisses
fermes et blanches comme des arums
achevaient de compléter l'impression
que donnait ton cul
d'être un chef d'oeuvre de la Nature
plus opulent que le Pérou et que la Chine réunis!


Pour ce qui me concerne,
je fis ta connaissance en t'abordant dans la rue,
un 21 Mai, jour où l'Église chrétienne
fête la Saint-Constantin et la Sainte- Hélène!
Or, je fus et je reste le plus constant des amants,
puisque, encore aujourd'hui, quarante-trois après,
je commémore notre rencontre
dont je me souviens comme si je t'avais parlé
aujourd'hui, à deux heures de l'après-midi!


Au soir de notre rencontre,
je signais mon premier poème en vers,
daté du Vingt et Un Mai
de l'An Mille Neuf Cent Soixante et Onze
de l'ère chrétienne
et vingt-quatrième Mai depuis ma naissance!


LA CANICULE DES SENS

RECUEIL INEDIT. DU 07 AU 17 MAI 2014