La Canicule des Sens


Ô ma petite Marisol, mon colibri,
ta croupe se rejette bien en arrière
comme un archer parthe
qui, tout en fuyant, décoche des flèches assassines,
ou comme la bannière impériale
se rejette en arrière, en flottant contre le vent
ou comme un bateau est remorqué par des haleurs,
à l'aide d'un câble et de cordes,
comme au Déluge les rivières refluent
vers leur source,
comme le rivage atlantique recule
sous l'effet magique de la marée haute,
comme un continent qui dérive,
comme une banc de mérous
se fait attraper de derrière
par les filets d'un chalutier
ou comme un corail rose
jette des ramures nouvelles vers l'arrière
ou comme l'ombre bleue d'une cavalière
se projette sur le sable du Sahara
ou comme une lune pleine
va vers son couchant
ou, enfin, comme l'étoile du matin
se fait haler par le soleil levant!


Tes lèvres humides promettent
des cris d'enfant malade ou d'agonisante,
lors de la pénétration!
Ton pubis est plus sombre
que le pubis de la petite Lou d'Apollinaire
et ton nez est plus sculptural
que le nez de Cléopâtre!
Ta chevelure châtaine est plus constellée
que la chevelure de Bérénice,
la Reine d'Égypte et épouse de Ptolémée l'Évergète!


Tes yeux de velours noir du Portugal
sont lourds d'amour!
La naissance de ton dos est prodigieuse,
entre cette croupe célèbre
qui est toutes mes délices
et ce torse qui s'envole comme une hirondelle
vers la Voûte Céleste!
Ton con est semblable à une de ces figues
que l'on peut cueillir en Estrémadure,
non loin d'une source
dont l'eau est plus fraîche
que jadis l'eau de Castalie!


Quant à ton trou du cul,
ô mon chérubin bien-aimé,
le jour je lui lance des appels pathétiques
de coucou en détresse
et la nuit je lui chante
comme un rossignol à sa rose préférée!


LA CANICULE DES SENS

RECUEIL INEDIT. DU 07 AU 17 MAI 2014