Le Calumet de la Paix
Ô Marisol, mon aimée Zapotèque,
je brûle de l'encens
à chaque fois que tu passes
devant mes yeux hypnotisés,
avec cette croupe énorme, hors-la-loi,
criminelle, assassine,
cette croupe de bataille navale en mer de Chine
et de naufrage dans les eaux du Pacifique Sud,
avec cette hanche jalouse, possessive,
possédante, opulente, friponne,
féline, léopardesque, léonine,
avec ce derrière séditieux, émeutier,
ce derrière de noire anarchie,
rebelle, indomptable, vagabond,
avec ce bassin indien
où se baignent des princesses,
ce bassin siamois, où nagent des carpes,
ou cambodgien, plein d'apsaras vivantes,
oui, je brûle de passion
chaque fois que tu passes devant moi
avec ce cul barbare, sauvage,
cannibale, nègre,
zapotèque ou toltèque,
cul de courtisane, cul de houri,
avec cet anus riant,
avec ce clitoris dur comme un rubis,
avec cette vulve de joie
et, surtout, ces reins ronds
qui roulent, tanguent, se tortillent
comme deux coeurs jumeaux
qui se balancent, s'attirent, se provoquent,
s'étreignent, se baisent, se lèchent,
puis reposent dans la chapelle blanche du sexe,
au bord de la mer où s'étreignent les passions!
Oui, à chaque fois que tu apparais,
je brûle des aromates et je mâche du bétel,
ô ma Sombre Tamoule, ma Malaise,
ma Khmère fine, ma Thaïe à la hanche large,
ma chanteuse javanaise ou balinaise,
ma danseuse tahitienne ou futunaise
ou honolululienne,
mon Uruguayenne, ma Paraguayenne,
ma Chilienne amoureuse de la vie,
mon Argentine au teint de quartz,
ma Brésilienne bien hanchée,
ma douce Bolivienne,
ma Colombienne au goût de feuille de caféier,
ma Panaméenne au con pareil à un isthme
reliant l'océan de ta croupe à la mer de ton ventre,
ma Cubaine à l'haleine marine,
oui, toi enfin, ma Mexicaine
aux cheveux de saphirs
et au fondement de calumet de la paix!
LA NEUVIEME PORTE
RECUEIL INEDIT. DU 18 AU 28 MAI 2014