La Chevauchée Rêvée


Ô Marisol,
mon seul paradis et mon unique Éden,
si je m'adresse à toi sur ce ton franc et direct,
en louant la fermeté de tes tétons,
les vertus du verger de ta noire toison
et, enfin, les qualités intrinsèques de ton con,
de ton fondement et de ta croupe dure,
oui, si je te parle sans vains détours,
ni dissimilation, ni hypocrisie,
c'est que tu m'as fait perdre, peu à peu,
mes anciennes illusions
concernant la moralité, la bienséance,
la chasteté nuisible et la gloire,
le plus aléatoire des biens de ce monde!


En effet, qu'ai-je gagné
à éviter de prononcer des mots obscènes
et à ne parler de la luxure que
par vagues allusions? Rien,
si ce n'est d'être considéré
comme un savant abscons,
parlant le langage d'un temps
où les moeurs européennes étaient crapuleuses,
voire criminelles
et où on brûlait vifs les poètes,
pour un oui ou pour un non!
Certes, c'étaient des temps grandioses,
mais cette grandeur n'atteignait pas
l'homme ou la femme ordinaire
dont la vie était des plus sordides!
Comparé à l'homme d'alors,
l'homme d'aujourd'hui est un Roi,
un souverain, un despote éclairé,
disposant même d'un bain dans sa propre maison,
chose inouïe, jadis réservée aux seuls princes
et aux seules princesses!
Et, dès qu'il sort de chez-lui,
il peut admirer à loisir les culs des jeunes femmes,
dont naguère il ne devinait
que les chevilles!
Oui, la littérature de la vertu
n'est de nos jours pratiquée
qua par quelques inénarrables dévots
de Mahomet!


Ô Marisol, mon orchidée royale,
ne me fais pas l'injustice de croire
que les impressions que j'ai reçues
de ton corps ne seraient pas durables:
même aujourd'hui, après tant d'années,
je rêve de te chevaucher,
comme un vigoureux étalon
monte la plus belle des juments!


LA NEUVIEME PORTE

RECUEIL INEDIT. DU 18 AU 28 MAI 2014