Le Pont des Soupirs
Ni le printemps n'a autant de rossignols,
ni l'été autant de cigales,
ni l'automne autant de nues,
ni l'hiver autant d'oranges,
ni le Pacifique autant de baleines blanches,
ni les rivages caraïbes autant de sable fin,
ni la Birmanie autant de riz,
ni le Mexique autant de maïs,
ni l'Argentine autant de bovins,
ni l'Inde autant de paons,
ni le Brésil autant d'aras,
ni Venise autant de ponts
que moi je porte des rêves dans mon cerveau
pour toi, ô ma rossignolette,
ma cigale, ma nue, ma douce petite orange,
ma baleine blanche, mon sable fin,
mon riz nuptial, ma belle vache nourricière,
ma paonne persane ou indienne,
mon éclatant épi de maïs, mon ara bleu,
oui, toi, ô Marisol, mon pont de soupirs!
Et de même que Ronsard se plaignait
d'avoir à la place du coeur une salamandre
se nourrissant de feu,
de même moi, je me plains
d'avoir pour coeur un buisson ardent
qui me consume, sans me calciner,
et ce buisson ardent, c'est toi,
ma petite amoureuse, ma Marisol!
Pourtant, je ne regrette point
d'être tombé amoureux de toi,
car c'est le mal d'aimer
qui me permet de jouir du miel de la vie!
Sans toi, aujourd'hui je serais
un gros nuage stérile!
C'est toi qui détiens la clé de mon désir
et la clé de mon plaisir!
Ta chevelure me tient lieu d'oriflamme,
tes prunelles de phare
et ta croupe d'astre
me guidant sur les chemins de la désolation!
LE TAMARIS QUI ESPERE
RECUEIL INEDIT. DU 09 AU 19 JUIN 2014