Marisol ou la Petite Ânesse


Ô ma petite Marisol, ma petite ânesse,
ma pouliche toute blanche,
ma poule, ma poule d'eau,
ma foulque, ma poularde,
ma pintade d'Afrique, ma poule faisane,
ma jeune paonne bleue,
ma petite truie nouveau-née,
ma chère laie, maman de délicieux marcassins,
ma génisse amoureuse d'un taurillon,
ma vache aux beaux yeux,
oui, toi, mon agnelle, ma brebis que je préfère
quand je fais paître mon troupeau
aux contreforts de la Sierra Madre,
toi que j'appelle en jouant
sur ma flûte de pastoureau
un air convenu d'avance
entre nous deux!


Oh! Comme j'aime à caresser ta cuisse droite
à la chair aussi fraîche
que celle d'un veau sous la mère!
Oui, j'aime jouir de ton corps,
pendant que tu es jeune, vigoureuse
et vivante!


C'est que je ne suis guère attiré par la Mort:
je n'aime guère cette inévitable démone,
ni le ciel couvert, ni le froid de l'hiver,
rien qui me rappelle la raideur
et la froideur d'un cadavre!


Voilà pourquoi, au lieu de louer
les ascètes, les moines ou les prêtres,
je loue les jeunes filles
à la chair fraîche
et au sourire d'été,
car elles témoignent mieux
de la vie de mon coeur
et de ma verge de poète lyrique!


LE LYRISME DU PLAISIR

RECUEIL INEDIT. DU 20 AU 30 JUIN 2014