Par le Soleil Accablant de Juillet


Ni les Chérubins, ni les Séraphins,
ni les Anges supérieurs, ni les Anges inférieurs,
ni les Trônes, ni les Dominations,
ni aucun être de l'autre monde,
pas plus que Dieu en personne,
n'ont autant de poids dans ma vie
que mon amour de la chair,
oui, mon amour pour ta chair,
ô Marisol qui es charnelle jusque dans l'âme
et humaine jusque dans l'esprit!


La marque de la liberté réalisée,
n'est-elle pas, selon Nietzsche,
de ne pas rougir de soi?
En effet, dans le passé,
je n'osais prononcer le nom sacré
de hanche ou de croupe
ou de bassin ou de derrière,
ou de cul ou de coccyx!
Et je m'imaginais, à cause de ma passion
pour cette partie du corps de la femme,
que j'allais être accusé des pires méfaits
devant le dicastère papal,
que ce soit à Avignon,
que ce soit à Rome
ou dans quelque autre capitale ecclésiastique!


Or, selon Sade, c'est de cette partie du corps
que l'amant averti
tire le plus de délices!
Cette parole libératrice du sulfureux marquis
décida de mon présent,
comme de mon futur!


Oh! Que le soleil accablant de Juillet
m'apprend des vérités sur moi-même,
sur autrui et, surtout, sur les femmes!
Puissé-je réapprendre à vivre,
maintenant que j'ai le soleil
dans le coeur
comme dans le phallus,
et que les cigales accablent de leurs stridences
les vieux pins du Midi,
cependant que les coucous s'élancent
dans des chaudes sérénades!


LA REINE DE SUMER

RECUEIL INEDIT. DU 1ER AU 11 JUILLET 2014