Jouir et Penser


Là où l'on savoure les fruits de la jeunesse,
là où l'on rit,
il ne peut y avoir de pensée,
disent la plupart des gens!
Oui, si l'on vante la croupe, plus ou moins large,
de sa maîtresse méridionale,
ses cheveux châtains ou noirs,
son con, plus ou moins saillant
et plus ou moins profond
et, enfin, son regard suave de gazelle apprivoisée,
oui, quand on s'amuse,
on ne peut penser sérieusement:
c'est le reproche qu'hommes ou femmes me font!
Oui, il y aurait, à les en croire,
une déficience, un défaut congénital,
dans ma façon de concevoir les choses!


Oui, le poète, avec une mine renfrognée,
doit se pencher sur les souffrances de la vie
qui, selon Socrate, serait une maladie!
Or, tel n'est pas l'avis d'Aristippe de Cyrène
qui est loin de penser
que le poète n'est là que pour consoler
les belles âmes,
tristes, car dévotes, car mal formées,
car nées souffrantes!
Mais quoi de plus consolateur,
pendant les nuits glaciales de Décembre,
que de se souvenir d'un poète
qui chante les climats chauds, les belles croupes,
les mers inexplorées et les dieux inconnus?


À mes détracteurs qui, eux,
étalent sur la place publique
leurs belles douleurs,
comme autant de stigmates
d'une passion christique,
j'oppose le bonheur des passions amoureuses
et des liaisons dangereuses!


LA REINE DE SUMER

RECUEIL INEDIT. DU 1ER AU 11 JUILLET 2014