Retour à Zante


De même que l'amour
revient à la sainte senteur
du jasmin pur
ou du pourpre oeillet
ou de la rose de sang,
ainsi qu'à la saveur
du miel de thym,
et de même que le lion
revient à l'endroit
où un jour il a surpris
la plus douce des gazelles
en train de s'ébattre
dans l'herbe embaumée,
mêmement ma pensée
revient à toi,
ô Zante dont j'ai moi-même,
en t'aimant,
semé les roses
au milieu de la verte exaltation de Mai
et dont j'ai gravé l'astre fascinant
dans le ciel de Septembre
avec le burin précis
de l'enthousiasme sacré!


Le choeur auguste des Heures divines
que j'ai passées
comme un papillon de nuit,
posé sur tes lèvres entr'ouvertes,
danse au plus haut hublot
de mon âme,
tout en s'éloignant vers le couchant
où il devient la lune pâle
du crépuscule du soir!


Non, personne ne verra plus
ce que j'ai vu en toi,
ô belle femme
à la croupe de rubis,
à la taille d'améthyste
et au sein semblable au vin noir
de Zante,
si délicieux!


Car, il faut avoir
les yeux de Madjnoun
pour voir Leila!


ZANTE

RECUEIL INEDIT. SEPTEMBRE 2006