Le Siècle d'Or


Ô Marisol,
mon doux colibri américain,
ta hanche semble un grand pont sur le Nil,
le Nil où des voiles blanches glissent
dans le calme méridien!
Oui, ta croupe est comme une fin de matinée heureuse
ou un début d'après-midi lascive
où s'égosillent les cigales
au sommet de l'été
pendant lequel je m'épanouis,
pareil à une tubéreuse de Babylone
ou à un glaïeul d'Espagne,
étendant ma puissance
dans toutes les directions possibles et imaginables,
de la Terre au Soleil et au-delà de la Voie lactée
et du fleuve Niger au Gange
et du Mékong à l'Orénoque!


Ô mon suave petit animal apprivoisé,
quel concert spirituel te sied le mieux,
le concert des cigales en fin d'après-midi
ou celui des grillons la nuit?
Et l'ululement de la chouette
d'empreindre ton regard profond de nostalgie,
de la même nostalgie que moi j'éprouve,
lorsque je vois se dessiner sur la carte
le Mexique, ton pays natal
où gisent mes espérances
et d'où je me suis élancé
dans la conquête du lyrisme,
il y a de cela quatre décennies,
longues comme un Siècle d'or!


EAU DE CAROUBE

RECUEIL INEDIT. DU 24 JUILLET AU 03 AOUT 2014