Le Rêve des Prunelles de Jais


Quand j'effleure par la pensée
le regard de tes yeux noirs,
je crois caresser des deux mains
le chapeau de velours sombre
aux plumes bleues de geai,
d'une Parisienne de la Belle Époque
ou un coussin en satin noir de Chine
posé sur une ottomane,
ou une chemise de nuit
en soie transparente du Siam
ou une culotte de femme
en dentelle noire de Valenciennes!


Et parfois, ô Marisol, OEil du Soleil,
oui, parfois, lorsque je pense à tes yeux,
je crois toucher le noir
d'une nuit de nouvelle lune en Juillet,
et saisir la brise
qui ensorcelle ma nuque et mes épaules
dans le jardin du palais de Montaza,
aux milliers de palmiers,
d'orangers, de citronniers, d'abricotiers
et mûriers!


Et si délicieuse est cette brise
que je ne sais plus distinguer
le parfum des orangers
du goût des citrons d'Alexandrie,
cette Reine d'entre les cités
du monde gréco-romain!


Oui, quand, ô Marisol, mon âme,
je vis le rêve
de tes prunelles de jais,
je crois nager en été,
dans le lac de Côme,
quand ce n'est pas dans le lac Mariout,
en Égypte!


EAU DE CAROUBE

RECUEIL INEDIT. DU 24 JUILLET AU 03 AOUT 2014