Chant Epique De La Lumière


Je chanterai ici, non pas le soleil immortel
non-soleil, soleil des soleils
et coeur des coeurs,
mais le soleil impérial, insurrectionnel,
dit vrai soleil de la résurgence
et da la direction,
le plus sublime, le plus vengeur,
le plus mortel dresseur de l'esprit,
cette pierre de soleil,
cette roche de la famille des soleils,
cette multi-solaire terre de Dieu
échue à notre bienheureuse mémoire!
Car il est le sein violent et seul,
la table houleuse de la liberté!
Car il est la géométrique outre d'amour,
la capitale gemme,
notre majuscule blason d'offensive
nourri de notre sang viril,
le baptismal lit des victoires!

Fils de grand roi,
son superbe et triste
héritier et continuateur
aux cent et dix prouesses,
il reçoit, nouveau né,
tout ensanglanté encore,
sa couronne des mains,
grouillantes et fermes,
de la nuit la plus puissante!
Porté, aussitôt après,
ainsi qu'il convient,
sue les fleuves diaprés charriant
l'écume des fêtes,
en grande pompe de silence,
il est consacré aux balcons
des fonds adolescents de l'air,
aux persiennes immaculées,
voisines du ciel,
crénelées des dentures blanches
du vent joyeux et fort!

Grandissant à vue d'oeil,
comme le brasier livré à lui-même
d'un combat singulier qui,
par un vaste mouvement de dagues tournantes,
éclate dans la lumière du monde,
il devient un fortuné navire
sacerdotal occidenté,
aux prunelles claires
comme la neige venante,
la pyramide interdite
des quatre zones de la volupté,
et, enfin, cet ardent cavalier adorné
qui, chevauchant Venise –Soleil,
La blanche très-ailée,
sa prestigieuse monture,
il partira à l'assaut de la montagne
de la Déïté,
pour y laisser la traînée d'or
indélébile sous les branches,
semblables aux cygnes,
lascifs et fluides,
du lustre de vie!

Parvenu, circulaire,
conducteur et immense,
au midi de la réalité,
comme une consonne rouge cosmique,
comme une roche capitoline,
il dévale la large voie aimante
et consentante,
l'ample voie tracée
au couteau sacré,
la grande voie dominicale
des confins,
qui le mènera aux monts du couchant,
et des monts du couchant
au centre,
par six rangs alignés
de voyelles secrètes,
rossignols d'écriture,
marquant l'absolu écoulement
du sang céleste,
à la taille grandiose de solstice d'été,
à la crête pure
comme les cornes des béliers géants,
formées à perfection
comme les inaccessibles vases,
trop fins et trop hauts,
agiles comme les anges hospitaliers,
robustes et désirées
comme les naïades volontaires,
profuses comme les chevaux
de cristal de pluie,
belles comme des bannières
de guerre nippones,
frêles et terribles,
que l'éternité balance sans merci,
voyelles qu'on appelle,
pour la divine bizarrerie,
la foisonnante aise,
et l'intempérance de la variété
dans l'unité qu'elles véhiculent,
poudre du Christ,
colibris bleus du Mexique,
étoiles du miel,
lunes de nostalgie,
péninsules d'ambroisie,
rennes divins,
miroirs mystiques
de la féminité,
gynécées du silence éblouissant,
eaux lentes royales,
cataractes violettes
de la Transfiguration,
arbres de transcendance,
âmes ruisselantes
des danses nobles!

Toute voyelle est corps!
Tout corps est voyage!
Tout voyage est forme!
Toute forme est exercice!
Le style n'est pas le style!
Le style est toute naissance
en général,
toute élévation, orientation,
direction, expansion,
et exposition
aux forces crucificatrices!
Chaque bond de la chair
prend sa source dans la grandeur
dont il est le symptôme!


On ne s'enracine vraiment
que dans la seule grandeur!
On ne s'engage
avec quelque efficience,
que sur les chemins dirigeants
de la grandeur!
Tout fleuve est voie,
toute voie est règle!
Toute règle est ciel!
Tout ce qui est royal
est de l'ordre du soleil!

Louange au Saint Soleil,
phénix de la vespérale virginité
ancre de la ville auguste,
épée de la ville inspirée,
croix-clé
de la cité hermétique!

Louange au Saint Seigneur Soleil,
aigle du nord,
vert océan de la repentance
aux dix mille candélabres
communicants,
porte de la radieuse
concorde,
tête ointe de la hiérarchie
de la gloire!


LE GRAND RETOUR

PUBLIE CHEZ L’AUTEUR EN OCTOBRE 1980