Le Souvenir de Marisol
Tel un papillon qui ravit le nectar
aux fleurs de thym d'un mont sicilien
ou qui butine une violette d'Avril
ou une rose de Mai,
oui, comme un papillon,
mon esprit volète et bourdonne
autour du souvenir de ton visage,
de ton visage qui est à mes yeux
plus sublime ou plus essentiel
que tous les masques des Mayas,
que toute l'orfèvrerie mexicaine,
que toutes les fresques minoennes,
que toutes les peintures de Pompéi,
que tous les portraits de Fayoum,
que toutes les icônes byzantines,
que tous les miroirs de Murano
dans lesquels tu as pu te mirer,
que toutes les antiennes à Marie,
que tous les hymnes à Jésus
de Sainte Thérèse d'Avila
et que tous les poèmes d'amour
de Soeur Inès de la Cruz!
Par ailleurs, ton corps lui-même
m'a plus marqué par ses formes
que tous les nus européens,
de Velasquez, en passant par Goya
et jusqu'à Paul Gauguin,
que toutes les poteries athéniennes
qui imitent les lignes de ta hanche,
que toutes les porcelaines de Sèvres,
riches en courbes féminines,
que tous les jades de Chine,
que tous les bronzes antiques,
que tous les tableaux des maîtres andalous
ou sud-américains,
que toute la sculpture africaine
et que même la musique, la danse
et l'architecture des Indes orientales!
Voilà pourquoi, dès que le souvenir
de ton visage ou de ton corps
s'éveille en moi,
mon sang se met à circuler dans mes veines,
avec la fougue d'un torrent printanier
et avec la rapidité d'une balle de fusil
ou d'une fusée qui atteint la voûte céleste
en une fraction de seconde!
En fidèle serviteur de mon sang,
le même sang qui passe à travers
mon coeur et mon phallus,
oui, en serviteur de mon sang chaud,
mon esprit exalté compose
des chants qui te sont tous dédiés,
ô toi, Marisol, mon honneur!
LE TRIOMPHE DE MARISOL
EDITIONS ENCRES VIVES. COLL. LIEU. MEXIQUE. SEPTEMBRE 2014