Le Pont-Félicité
Aride Chasseur sans détour, sans lassitude,
des Grandes Routes Verticales,
Précocement arrivé à une Hauteur Inimaginable,
Logée dans le Malléable Chaos des parfums Indicibles,
Restée Inaltérée à travers l'Immensité Diluvienne
comme une Île Irlandaise Volant Seule
dans la Grande Mer Bardée de Ciel Ferreux
de lointaine et intime portée,
Je vais posant la plus Longue, la Véritable,
l'Ultime Cime de la Félicité,
Sommet de la Sainte Mobile Trinité Ailée,
Trou de Vaisseaux d'Argent aux proues
Symétriques et Colossales,
Périlleux Chassé-Croisé de Gerbes d'Axes-Dieux,
Sacrifice Sauvage de Grenades,
en faveur de nos Corps Insignes qui Passent
délectables délectés,
Courbe Rupture de l'Horizon
à Quatorze Trompes de Génération,
Bleue Chute de Sang,
Arche de Stupéfaction,
Rue de la Victoire de la Perfection
Indécente et Téméraire,
Conquête Irrévocable du Siège Circulaire
de la Volupté Régnante,
Roulement Irrévérencieux de Verbe Pompeux,
Pompeux car Salutaire
en l'honneur de notre Radicalité
la plus Profonde, la plus Bafouée
en temps de malheur,
Fontaine de nos plus Beaux, les plus Nécessaires
les plus Violés Apanages
en Eblouissante Lutte
avec le Monde Tendancieux à l'Extrême,
Course Suprême, puis Danse de Brassage
des Principes Premiers,
Mousson de Lumière Surpeuplée!
Et dans le plus Terrestre de ses Poumons de Gloire,
Infusés de Sang Galopant de Cheval,
Vastes Aigles Royaux Déployés,
mon coeur vaillant monté aux créneaux
est la Boule de Poudre lancée aux balles de Coton
et le Son même du Canon commandant aux Troupes
Irrégulières des Chrysanthèmes
comme une bouche de Tribun Sacré
éclatée en l'Unique et Terrible Vivat
signifiant les Abeilles Solaires où mon coeur se baigne,
Trophée Rouge des Lions du Crépuscule
Promontoire Couronné par les Airs,
qui, aux heures premières qui suivent midi,
tremble, frissonne, bout,
comme un Présage Réalisé de la Naissance
de la Ville Géante,
née du frottement à sens contraire
de Flèches Opposées,
Ascendantes et Descendantes,
où dans la Netteté quasi-aquatique
de l'Absolu ainsi Apparue,
lentement s'élève la Rigoureuse Géométrie
Très Enflammée, Future à jamais,
de la Croix de l'Esprit,
Portée à une allure vertigineuse par tous
les Vents Universels, et les Particuliers Fondateurs,
comme un Omni-Sonore Fourmillement d'Or
émanant de Neuf Cent Millions d'Etoiles Croissantes,
Battue par les Avenues Essentielles
des Alezanes Jalouses,
aux Croupes Molles et Poignantes
comme les Cerises des Abîmes,
Entrecoupées, à la façon des Serpents
Entrenoués de la Méduse,
de Fleuves en proie aux Opulences Fondamentales,
Emplumés de Pluies d'Ocres Antiques,
Signalée au loin par le Scintillement Martial
de ses Jaunes Entrepôts de Parfums,
les Epaisses fumées bleu de Saxe de ses Usines de Musc
et l'Inconscient Côtoiement
de ses Débarcadères d'argile
abandonnés aux Libertés Fébriles,
Sillonnée, dès le matin,
de télégrammes parallèles d'Amour,
Dévorée, sans répit,
par les Nouveaux Trains Offensifs
du Cupidon Inconnu,
quittant à toute Vitesse les Gares
Prodigieuses du Désir Electrisé,
Bue par le Silence des Graviers,
Navire Marchand halé
par les Ports Innombrables
du Labeur Paradisiaque,
Haute et Blanche Flotte Propitiatoire
Chargée des quais magnificents dits
du Pont de la Mémoire!
LE SACRIFICE DU SOLEIL
ACHEVE D’IMPRIMER
EN JUIN 1979
SUR LES PRESSES DU CASTELLUM
8, RUE DE BERNE A NIMES.
EDITIONS SAINT-GERMAIN-DES-PRES
110, RUE DU CHERCHE-MIDI-75006-PARIS.