La Flèche De Zénith


L'Impérissable enfant du Vent Béat
et de la Matinée Belliqueuse,
Dauphin de Soleils,
Jeune Roi de nos Belvédères Florissants,
assimilé par le bonheur,
Ange pastel de Palme de nos avenues de Madones,
s'en va sur l'Impalpable Arc Vert
de son Extravagante Course Future,
Invisible Flèche Incaïque du Zénith d'Eté,
Cloche, Mirador, Visage et Esprit
ou Verge du Monde,
Prêtre-Prince de Séville Dominant lancé
par le Verbe Immaculé des dieux premiers
le plus loin possible dans l'air féminin
nuptial et superbement blanc,
Capitaine et Pontife Suprême
de la Ville Capitale Originaire,
Franc Incantateur de la Brune Pureté,
Papillon Butineur-Maître du Coeur de la Terre,
Haut Emissaire aux Pays Intérieurs
de la Plaine Finale de l'Ouest,
Jetant dans l'Abîme-Destin son Edénique
Cheval Violent et Calme,
le déchirant avec les hordes de diamants
de sa poitrine,
éparpillant en grand nombre sur son passage
ses tournoyantes mains de rubis!

Sur son Navire Somptueux, Catalyseur des Délices,
à la quille infinie, musique d'écrin,
cillant de trente-trois mille yeux à la fois
dans le Velours Aveugle des Festins
de la Nuit Profonde,
il part fonder son Luxe Inconsidéré,
sa Finesse Incontinente
et sa Noblesse Radicale à Venir!

Au Sommet de son Vaisseau de Tumulte et de Luxure,
bruissant d'Autonomie Intégrale,
frémissant de Volupté Entière,
Quasi-Parfaite,
comme les Immenses Races Rassemblées
des Continents Séraphiques du Matin,
parmi la Conversation des êtres cachés
dans leur beauté avouée,
infimes et doux,
les Convoitises sans voile Elevées
au rang de Ferveur Communautaire,
les Ebats Bénis,
les Rues qui s'étreignent en leur Tournant
et se pâment sous les lueurs rouges
des coussins frais,
les Arcs de la Fidélité,
Les Sauts en Altitude de l'Union,
les Colonnettes de la Lumière,
les Palais emportés par le Méridien,
les Castes alignées des Fleurs,
des Plantes et des Cosmétiques,
les Combats Incertains des Couleurs,
des Airs et des Vagues d'Opulence,
Les Chevelures Fumantes couvertes des feuilles
de l'Amour Occulte,
veillant au soir tombant
auprès de l'ombre des fontaines oubliées,
les Désirs goûtant au Corps tendu,
intact et Superbe,
comme des bouches de lunes pleines
et comme les Bleus Couteaux des Embrasements,
les Marches Passionnelles jusqu'à l'Eau,
les Parfums Douloureux
des Champs de Sources de Sang,
l'Etrange Expédition
du Crépuscule Pénétrant Atteint,
le Léthé Bénéfique de l'Aurore,
les Sanglots Obscènes,
les Rires Donjuanesques,
Vastes Railleries Bienvenues
des Ecumes de Mer,
au milieu de l'Inconditionnelle
Acceptation de la Grandeur,
il plante le Drapeau Noir
comme l'Immortalité du Plaisir de la Liberté!

Vive sa Noire Liberté,
Ascèse de sa Grandeur Agissante!

Car des portes de Cristal Entrechoquées de son Bateau
Coulera le Torrent du Temps de sa Gloire et Naissance
en tant que Christ-Soleil,
le Baigné de lui-même,
l'Immolateur du Maïs Culminant,
le Couronné de Douze Plumes,
l'Eventail Versicolore de l'Incoparable,
la Planche Odoriférante et Mûre de vie,
la Cime Dressée des Andes Convulsées,
le Chemin Escarpé de l'Harpiste aux Talons d'Or,
le Frère Aîné, qu'on se le dise,
du Frêle Eros de nos Jardins Fortunés
Régnant au creux des feuillées,
Eternellement mourant à califourchon
sur sa Blanche Pouliche
quand le Char du Triomphe commence
à exposer sa Face,
Encore Resplendissante,
à la Nudité du Néant Extérieur,
le lendemain de la Nuit Suprême
où la Déesse Adorée,
Notre Dame et Souveraine,
conformément aux Augures,
se fait sacrer Reine Nouvelle
aux abords immédiats
des Grands Ports de Lune!


LE SACRIFICE DU SOLEIL

ACHEVE D’IMPRIMER
EN JUIN 1979
SUR LES PRESSES DU CASTELLUM
8, RUE DE BERNE A NIMES.
EDITIONS SAINT-GERMAIN-DES-PRES
110, RUE DU CHERCHE-MIDI-75006-PARIS.