Le Corps Nu
Je me délecte de ton corps nu,
pareil aux nues les plus rares
des Cyclades,
comme d'un vin pur
ou d'un nectar olympien
et je m'en oins la poitrine
comme du parfum de l'ambre gris!
Ô ambre jaune de mes yeux,
ô électron de mon âme,
vite que de mes mains
je pétrisse ta chair
afin de la transmuter
en une statue d'Immortelle Divinité
gardant l'entrée du port du Pirée
où mille vaisseaux
entremêlent leurs mâtures
sous un ciel de plomb fondu
et devant des rocs dénudés
comme tes seins
qu'effrontément tu offres à mon toucher
afin que j'en fasse des balles
pour mon fusil de chasseur de griffons
au corps de lion
et à la tête d'aigle!
Et d'étaler les cinq doigts
de ma main droite
sur les sphères célestes
de tes hanches et de tes fesses,
ces roses de la concupiscence,
ces oeillets de la licence!
Et alors mon sang d'affluer
de mon cerveau
vers mon phallos
et de remonter jusqu'à mon coeur
qu'il fait battre violemment
ainsi qu'un tourbillon de blanche écume
dans le Gange rouge
de ma santé!
Comme à travers une citronneraie touffue
de l'île d'Andros,
je fais le trajet
des portes de ta vulve
au col de ton utérus
où je dépose la semence
d'une nouvelle perfection d'amour
et d'un nouveau théorème
de penser, de dire
et de sentir!
Entends-tu le vent étésien
souffler dans la peupleraie?
C'est mon âme
qui chante sous les blancs peupliers
ton innocence de vivre
et d'aimer
et dont ta native lubricité
n'est que le sel de la mer grecque
lui servant d'aliment
de par sa saveur inoubliable
qui fait qu'on s'en souvient
même dans l'autre monde,
de par son goût
de chair de Déesse
jaillie de la Méditerranée!
LES ROSES DE LA CONCUPISCENCE
RECUEIL INEDIT. SEPTEMBRE 2005