À la Dame Conquérante


Ô femme à l'âme conquérante
et au coeur langoureux,
ta hanche est un aigle de Crète
ou un faucon d'Arabie,
un oiseau de bon augure
dont l'envergure est immense,
le vol haut et large
et qui domine
de ses ailes ouvertes et tendues
le ciel immaculé du Levant
et jusqu'au firmament élyséen!


C'est que tu as une croupe
dure comme la carapace d'un homard
ou comme une noix de Thassos,
tendre comme la chair d'une langouste
ou d'une daurade rose,
fleurie comme un jaune thon de Chalcédoine, féconde comme un esturgeon femelle
de la Mer Noire,
suave comme une datte d'Egypte,
savoureuse comme une grue d'Iran
sublime comme un paon de Samos,
délicate comme un chevreau d'Ambracie
et blanche comme un veau sous la mère!


Oui, telle une huître perlière
de l'océan Indien,
ta hanche désirable et désirée
recèle dans ses profondeurs
tout un trésor à pêcher
avec une attention extrême
et avec une proverbiale habileté!


Elle est un palais de nacre
aux ouvertures de lapis-lazuli merveilleux
à la mauresque!


Cependant, tu n'es guère
un esprit paysan et grossier
et tu es incapable d'adhérer
à un discours sans art ni apprêt
et sans vers
ciselés de main de démon de l'écriture!


Ô maîtresse du Temps,
je te loue
parce que tu es sensible
aux agréments d'un style
flamboyant comme une armée
de guitares pourpres
qui suit Don Quichotte
dans sa céleste épopée
à travers la Manche cruelle
de la multitude à genoux
devant l'idole
de la faiblesse malfaisante!


Ô jeune femme
dont le corps est une urne
dans laquelle Aphrodite
verse à boire aux sages
du nectar olympien,
sache que tu es pour moi
un don de la Fortune latine
ou de la Tyché grecque,
cette Déesse qui n'aime rien autant
que la magnanimité
et la grandeur!


LES FAUCONS DE FEU

RECUEIL INEDIT. NOVEMBRE 2005