À la Très Bonne
Je prendrai une plume d'aigle
afin de décrire ta bonté,
ô plante d'Orient
aux fleurs parfumées
et aux fruits savoureux!
Or, tu es la terre même
d'où Antée, dans sa lutte contre Hercule,
tirait des forces inépuisables!
J'ai goûté à la racine de bruyère
qui rend les lèvres insatiables
et à l'ortie qui multiplie
la puissance sexuelle!
C'est pourquoi, je ne cesse un seul instant
de célébrer ta croupe,
cette oasis mohammadienne
dans le Sahara aux blondes dunes de sable
de ma désolation,
une oasis où il fait chaud le jour
et frais la nuit,
et où je conduis la caravane de la débauche,
à la tête d'une théorie de dromadaires
lents et majestueux
comme la passion que couvent
les lionnes de Numidie
et les louves de Rome!
Sois la papesse au triple diadème
que j'adorerai à la fois comme un fidèle,
idolâtre de tes opulents appas,
et comme un amoureux éperdu,
béat devant la rose pudeur
de ta vulve entourée d'un petit paradis
traversé de quatre canaux
et parsemé d'étangs poissonneux
et où les ifs sombres disputent la place
aux pins à la résine aromatique!
C'est que je suis brûlé
par les charbons ardents de tes yeux
et blessé par les bouts de tes seins
durcis par le désir!
Il est étonnant que les Anciens
n'aient pénétré plus en avant
dans ton mystère,
ô épousée de Pantocrator
à qui, moi, j'ai enlevé le voile
et l'ait fait paraître toute nue
devant la foule des croyants
qui se prosternent devant ton icône
ou ta statue grandeur nature!
Et le flottement même de tes hanches
sous la robe ample et longue
et au milieu des vapeurs d'encens
est l'ânesse noire que j'ai entre mes jambes
et qui me mène par les chemins escarpés
de montagne,
conduisant par mille détours pénibles
aux cimes de l'Esprit!
LES TAMBOURS DE LA VICTOIRE
RECUEIL INEDIT. FEVRIER 2006