La Perdition d'un Aède


Ma main droite s'égare
dans la chair dorée
de ta croupe léonine
comme dans la crinière d'or
d'une jument fille du soleil
ou comme dans la chair succulente d'une truie
ou comme dans le ciel des chérubins
ou comme dans la féerie
d'une grotte sous-marine
ou comme dans une cotonneraie d'Egypte
ou comme dans la plaine de l'Elide
féconde ainsi qu'une femme en folie
ou comme dans un champ de blé algérien
fraîchement moissonné
ou, enfin, comme dans un trésor caché
de médailles de la Renaissance!


Or, si mes doigts se perdent
dans le soleil immense
de ta hanche,
c'est pour y chercher
quelque aigle blanc de Crète
ou quelque mère fauconne de l'Olympe
ou quelque perdrix à la blanche poitrine
du Taygète
ou quelque tourterelle
qui se pâme dans un palmier de Zante
ou la biche sacrée d'Artémis
qui erre à travers les campagnes
du Péloponnèse
ou, enfin, Artémis elle-même,
en train de se baigner toute nue
dans la rivière Asopos,
près d'Argos!


Quand je te caresse,
ô fille de l'amour,
je me sens comme un hippopotame
qui franchit un fleuve chaud
et riche en vase,
en Afrique orientale,
ou comme un pacha
entouré des femmes de son harem
ou comme un sultan de Constantinople
amoureux de ses rossignols
ou comme Vivaldi
imitant le chant de son chardonneret!


C'est que tes fesses,
ô ma Bien-Aimée,
oui, tes petites,
tes chères fesses,
évoquent pour moi
le lit de lumière
où je te pénètre
au point du jour
dans un charivari de passion
non contenue!


CHEVAL CAPTIF

RECUEIL INEDIT. SEPTEMBRE 2006