Les Blasons de la Bien-Aimée


Tes hanches bénies par les sages,
polies par les rayons obliques
du soleil d'Octobre,
reflétées par la voûte azurée
et moulées par ta gaine
en drap d'or,
sont comme couronnées en apothéose
par ta ceinture en or et en pierreries
et large d'une dizaine de centimètres!


Ta petite frimousse adorée,
fardée gentiment de blanc,
supporte une tiare d'or
mouchetée de rubis,
de celles que portaient
à la Cour achéménide
les dignitaires perses!


Et tout ton bassin
d'ondoyer comme la pleine lune d'été
dans le lac infini de la volupté
ou dans le vaste océan de l'Oubli
qui est le fruit de l'Abandon
aux caresses de la nuit chaude,
au sein de laquelle
apparaît la Croix du Sud!


Ton sein même
irradie sa suave lumière
de torchère d'Indochine,
sous une soie transparente
qui laisse voir
ses deux planètes identiques,
telles qu'on dirait
que Vénus serait dédoublée
dans les profondeurs du ciel zodiacal!


Tes pieds fins
semblent jeter des flammes écarlates
allumées à un foyer surnaturel,
tant est réussie
la teinte de tes orteils,
obtenue grâce à une soigneuse diligence!


Et tes mains aimées
aux doigts extraordinairement effilés
se meuvent avec tant de musique
et avec tant d'ondoiement
que tu sembles t'être
longtemps penchée
sur des partitions
vieilles de plusieurs siècles
et qui contiendraient,
entre leurs pages jaunies par le temps,
tout le coeur de la femme
avec l'Âme du monde!


LA DANSE DE LA LUNE

RECUEIL INEDIT. OCTOBRE 2006