Onan


Mon amour, ton doux petit derrière
lourd et large me charme
comme une vaste fusée de Chine,
comme une peine de coeur trop pleine,
comme l'arôme de l'ananas
et la saveur de la mangue,
comme la chair de la pêche jaune,
pareille au soleil du crépuscule en été
quand vient l'instant merveilleux
de boire l'orangeade sous les palmiers
après le bain dans les eaux smaragdines
de la mer de Libye!

Et ton délicieux petit popotin,
cette délicatesse stambouliote,
ou damascène ou bagdadie,
ou farsie de la Cour du Grand Moghol,
de me mener suavement
au havre du repos
où je rêve comme une mouette
de ton sourire
pareil à un gâteau au chocolat de Bayonne,
ou à une sucrerie de Tolède,
ou à une gâterie de petite maman chatte,
ou à une caresse de tigresse,
ou à un frisson
causé par le passage sur mon épiderme
d'un grand boa de Ceylan!
Chaque fois que tu traverses la serre
où je languis de toi,
je répands dans mes draps de soie
mon sperme comme Onan,
cet ange damné par les prêtres,
et qui recherche le plaisir des roses
et la causerie des pommiers de l'Eden!

Et de songer à la pénétration
qui t'arracherait le cri
jailli des entrailles
de la femme qui se donne pour l'éternité!


NUITS FASSIES

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