À Une Tamatavaise
Je suis ton souimanga,
cet oiseau de Madagascar
qui comme un colibri
traverse gaiement
l'immensité des ciels,
transportant des métaux éclatants
sur ses ailes multicolores!
Et je voudrais
me poser délicatement
sur la plage de tes hanches
pour en sentir le sable chaud
sous le Soleil brûlant,
plus ardent que jamais,
de ton existence
qui vient d'y jeter
ses flèches terribles
de midi!
Là, près de Tamatave
au nom glorieux,
la mer m'accueillera
en ses cathédrales
aux vitraux de jade,
en ses palais
habités par des filles
au bassin de poisson potelé
et au torse de princesse,
dont la reine
est la Déesse de l'Infini,
en ses villes de perles
nées de la poudre
du poudrier de tes joues
pareilles aux crépuscules tropicaux!
Assis sur la grève,
avec dans les yeux
le vaste horizon marin
formé par la jonction
de tes fesses et de tes cuisses,
qui est le principal
de tes appas
avec la haute lisse
de tes seins et de tes épaules,
je cueillerai
quelques rares fleurs
du littoral
et je ramasserai
les coquillages de nacre
que sont tes oreilles
aux bouts fins
comme le sucre en poudre!
Et je guetterai le passage
du navire de ligne,
du paquebot
à bord duquel
nous voyagerons ensemble
parmi les étoiles lointaines
de la constellation du Chien
et jusqu'aux autres galaxies,
et d'où nous contemplerons,
extasiés,
les nébuleuses de nos corps astraux
compénétrés!
C'est que tu auras alors
dénoué ta chevelure
ainsi que ta ceinture
pour m'offrir la liberté
d'admirer ta chair
splendide comme le Soleil
de tous les Soleils!
Ô superbe Tamatavaise,
agrée ce poème
comme l'oiselle
accepte le chant du rossignol
et comme la paonne
consent à la roue du paon!
Car la Poésie,
c'est les astres, les femmes
et les fauves
séduits par la parole
du Voyant, comme eux
Pêcheur d'univers sonores!
LES LABOURS DE L'INFINI
RECUEIL INEDIT