L'Utérus d'Allah


Ô suave amie de ma volupté,
ton derrière est le Ciel
avec ses comètes d'or
ses météores de soufre,
ses astres d'argent,
sa Voie Lactée
et ses amas de galaxies lointaines,
avec ses anges et ses démons,
ses séraphins, ses chérubins,
ses houris, ses saintes
et sa Déesse Mère
et Vierge Prostituée!


Au centre de cette circonférence ouranienne,
se place ton anus,
pleine lune cairote,
soleil noir de la beauté
en plein firmament austral,
cloaque sacré
communiquant avec ta vulve,
secret des secrets,
rose mystique,
but du voyage initiatique
et rêve des sages!


Et par ton champ de tulipes,
d'aller répandant le vin
qui m'embrase et me stupéfie
à chaque fois que tes coups de reins
s'insinuent dans mes songes
d'amant martyr
et de savant illuminé par le plaisir!


Cependant, tes grandes prunelles noires
de gazelle
me prodiguent l'eau de roses musquée,
les essences d'Orient
et le nectar des rossignols,
ainsi que l'ambroisie des fauvettes
et la pitance des canaris de ton âme!


Et la mouche que tu portes
sur ta joue ensorceleuse
est au confluent des mondes
et à l'intersection du visible
et de l'invisible,
à l'image de ton anus!


Car tout ton coeur est
le reflet du tourbillon cosmique
et le miroitement du champignon vermeil
qui couronne le paradis!


Quand tu te couches sur le côté
afin d'être possédée,
tu deviens l'hirondelle obscure
à la queue fourchue,
au gazouillis de joie pure
et qui traverse l'horizon de l'aube
à grands coups soyeux de plumes sombres,
sur l'arche de mon esprit
que ton vagin dore
de ses plus somptueuses couleurs,
à la façon d'un arc-en-ciel
après la pluie de violettes!


Ô Sitt, souveraine égyptienne,
ô Siriya, maîtresse dame de mon coeur,
es-tu consciente d'être
l'unique trésor
caché au creux de cette terre,
où tous les fleuves sont taris
et tous les lacs desséchés?


Sais-tu que tu es
la patrie de mon amour
et la flamme qui brûle
au foyer de ma maison,
où, au crépuscule,
je viens cueillir la chaleur
qui était la tienne durant le jour
où tu ardais comme un soleil!


Es-tu Mylitta l'Assyrienne,
Cybèle la Phrygienne,
Isis l'Egyptienne
ou l'Aphrodite des Grecs?


Es-tu le vrai Allah,
l'Allah-Femme,
méconnu par ses fidèles
et évidé de sa substance
par ses officiants?


Je ne saurais dire,
mais quand je baigne dans ta lumière,
je suis heureux
et bien à mon aise,
comme un poisson
dans la mer pourpre de l'amour,
ou comme un papillon
dans une fleur de myrte,
ou comme un frelon dans sa ruche!


Que ma semence
déposée dans ton utérus divin,
donne le jour,
aidée de ta propre fécondité,
à une Terre Nouvelle,
où le Bien-Vivre arabe
et l'oisiveté turque
trouveront un doux réceptacle,
un cocon de ver à soie!


L'ASTRE SOMBRE DE LA MELANCOLIE

RECUEIL INEDIT. NOVEMBRE 2004