Hymne à Artémis


Un cygne noir
posé sur la cime d'un amandier en fleurs
qu'entoure une haute herbe
de perles noires:
voilà toute ton image,
ô fille de Léto,
Artémis de la Lune,
porteuse de violettes!


Tes douces suivantes,
vêtues de blanc
et coiffées de chignons d'Arcadie,
t'accompagnent dans toutes tes courses
à travers les forêts d'émeraudes
illuminées de biches élégantes et fières
que tes levrettes de Sparte emportent,
serrées entre leurs dents,
et t'en font présent,
ô chasseresse intrépide
que rien n'arrête
sur ton chemin
pavé de tes empreintes seigneuriales!


Ô mère des mortels,
tes enfants innombrables
sur la terre vaste et tendre et dure
tètent tes myriades de seins,
se nourrissant de ton nectar
qui forme leurs os
et enivre leur sang
et fait jaillir
l'aigle de leur coeur!


Les cyprès de l'Hellade
se mirent dans ta face sereine
comme les étoiles dans les étangs
et dans les lacs
qui ornent la péninsule
de leurs eaux langoureuses,
habitacle des hérons blancs
et des flamants roses!


Tu es l'or caché dans un coffret d'Orient
dont tes aèdes détiennent la clé
et la perle unique
dans l'écrin de la beauté!


Tu es la saveur des roses de l'amour
et le vin dans le cratère d'Anacréon,
seul des mortels avec Sapho
à s'être élevé jusqu'à la pure contemplation
des néréides de l'Egée
et des naïades de Caystre
et du Méandre!


Ô Artémis d'Ephèse,
tu es l'idole asiate
qui par sa lourde beauté orientale
sentant l'encens et la femme
me fait croître dans la sécurité
comme un pommier de Lydie
dont les racines seraient porteuses
d'immortalité!


LA DEESSE DES PROMONTOIRES

RECUEIL INEDIT. MARS 2005