Le Lait de Déméter

À même le sein de Déméter-Cérès,
là où Coré a bu,
quand elle n'était qu'une divine enfant,
je bois Son lait abondant,
le plus étonnant,
le plus admirable,
le plus parfait
et le plus pérenne
des prodiges qui surviennent
sur la terre immense,
celui-là même qui fait gambader
de joie d'Avril
les jeunes mouflons
sur les pentes des Alpes italiennes!


Le lait nourricier
caractérise cette auguste Déesse
de par la profondeur de Ses flancs,
où Aphrodite danse au milieu des Grâces,
de par la bonté de Sa poitrine
qui sustente Son Fils,
le Dionysos d'Eleusis,
de par la rondeur de ses épaules
où rient les Amours,
de par la beauté de Son visage,
Olympe délicieux des immortels,
Ossa sublime des demi-dieux et des héros,
Pélion dont les pommiers sont
une bénédiction pour les mortels!


Il suffit que l'herbe tendre
qui recouvre au printemps
les collines, les montagnes,
les vallées et les plaines
soit douce aux brebis
ou aux génisses,
ces déesses soeurs de Cérès,
pour que le lait coule en abondance
dans les gorges des nouveaux-nés
qui doivent leur existence
à l'Amour universelle,
celle des fauves
et celle des humains et des dieux!


Et c'est Déméter-Cérès
qui par son union avec Zeus
donna à nous autres,
enfants de la terre,
cet épi de blé qu'est Bacchus,
moissonné dans la fleur de l'âge,
enfoui en automne dans la glèbe,
puis ressuscité au printemps de l'allégresse
et dans l'été de la splendeur!


Ô Déméter, ô Notre Despoina,
ô Notre Dame,
en Toi nous honorons
la Déité qui fit don
aux hommes et aux femmes
de l'orge, du blé
et des figues,
et Celle qui avant d'être
Notre Terre Mère
fut l'amante de Zeus
et la Mère de Coré et de Dionysos!

CES OISEAUX DU DESIR

RECUEIL INEDIT. AVRIL 2005