À Abiga La Sulamite


Ô Abiga la Sulamite,
témérairement, comme un chevalier
de la maison des Abencérages,
je chanterai ta croupe,
que tu possèdes forte
comme la croupe d'une esclave négresse,
puissante comme une lionne,
élégante comme une chamelle,
et élastique comme un boa
au paradis des Indiens!

Non, je ne renoncerai point
à chanter tes sortilèges,
quand même je devrais subir
le supplice terrible du pal,
sur ordre du sultan,
jaloux de mes songes!

A! Le délice de ta démarche,
quand tu te promènes
avenue de l'Alameda à Grenade,
où résonnent les guitares
de tous les amoureux!

Ta hanche semble alors
la vasque d'albâtre de l'Alberca
dans Alhambra la Rouge,
et où nagerait le poisson rouge
de ta vulve,
d'où je retire ma substance de pourpre
ou d'écarlate, ainsi qu'une cochenille
du Mexique!

Moi seul peux dire
la fraîcheur de l'eau
que je puise dans ton vagin
comme dans le puits
d'une forteresse maure!

Car je suis le seul
à pouvoir expliquer par ta foi ardente
ce bonheur qu'Allah n'octroya
à aucune chrétienne,
cette croupe qu'il te donna,
à nulle autre pareille,
semblable au Darro,
cette rivière andalouse
dont les sables sont d'or!


L'AOUD DE LA LANGUEUR

RECUEIL INEDIT. JUIN 2004