Ode à Ariane


Ô Ariane, Bien-Aimée éternelle,
à la peau blanche comme la nacre,
aux cheveux châtains,
coiffés en queue de jument,
au buste robuste,
nourri de poissons chantants,
à la croupe recourbée
comme un croissant de lune
ou comme une faucille d'or,
entrelaçant un marteau de cuivre rouge,
aux reins de tauromachie crétoise,
aux prunelles d'amande d'amour,
au blanc des yeux
pareil au vent d'Alexandrie en Mai,
quand les marins de Crète y abordent,
venus incendier les flottes ennemies,
aux cils noirs comme le goudron de Naxos,
aux paupières jaunes
comme le pollen des pins
ou bleues comme les lys de Cnossos
qui couronnent la tête
du Roi céleste Astérion,
quand il se promène
dans son champ de fleurs de lys!


C'est avec raison
qu'on t'appelle Ariadné
la Toute-Sainte,
la Madone de Crète!


C'est que ton corps,
si puissant et si vigoureux,
aussi leste et souple
que le corps d'une jeune femme
dans tout l'éclat de son printemps,
est fait pour les travaux érotiques,
tant que répandre notre sperme en Toi
équivaut à la bénédiction d'une Déesse
ou d'un Dieu de l'Hellade
ou à la révolte sous la bannière
d'une Titanide ou d'un Titan
et à la purification dans l'Hippocrène,
la limpide source
où est né le Pégase,
le cheval ailé!


Ô Toi, dont la couronne de mariée est
un cadeau d'Aphrodite,
fait d'or étincelant
et de rubis indiens
en forme de roses,
tu es la femme à jamais
de Dionysos le Crétois,
de Dionysos-Zagreus,
le Roi-Taureau
dont tu es la vache lunaire,
la vache toute blanche
de la mer,
la sirène à la voix enchantée
comme la flûte de Mozart,
Leukippé, la blanche cavale
du Soleil,
Leucothée, la blanche déesse
dont le diadème nuptial est
une constellation dans le ciel!


Oui, tu es toute la clémence
de l'âme
à laquelle se reconnaît
toute nymphe,
autrement dit toute épousée
dont la robe de blanche dentelle
manifeste l'état de chrysalide
sur le point de devenir
ver à soie
ou papillon multicolore!


Certes, dans un moment d'égarement
propre à toutes les héroïnes grecques,
tu t'abandonnas aux caresses pénétrantes
de Thésée d'Athènes,
tant ton ardeur est grande!


Mais très vite,
tu es revenue à l'amour légitime de Bacchos
dans les bras de qui
tu te sens la plus belle des roses
de la roseraie divine!


DEMEURE CELESTE

RECUEIL INEDIT. MAI 2005