Ode aux Hespérides


Aeglé aux cheveux de solstice d'été,
je crois en ta bouche
qui respire la nuit de Juin
parfumée de jasmin de Chio,
car d'elle jaillit ta voix immortelle,
pareille à Peiros,
ce fleuve torrentueux
surgissant de l'Erymanthe
et qui arrose sa vallée vassale!


Oui, je crois fermement
en ta poitrine de blé mûr
et en ta couronne de platane d'or!


Tu fus mon amour la plus haute
et la vision impossible
du soleil de zénith
que seuls les aigles et les phénix
peuvent soutenir sans dommage!


Tu fus la splendeur de mon bel été
et le drame lyrique
de ma première mort à moi-même
et au monde
et ma première aventure céleste
après des prouesses héracléennes!


Ô Erythie à la chevelure rouge
et à la tunique de Tyr,
tu fus ma gnose de pourpre
et mon rêve d'au-delà de Tingis ou Tanger,
et le fatidique instant de ma naissance
parmi les narcisses de Phaestos,
les hyacinthes de Cnossos
et les fruits de Cydonie!


Tu fus mon plus téméraire voyage
vers les îles du Couchant
et la plus désespérée de mes tentatives
de prendre ma revanche
sur les souffrances
à moi imposées par une Déesse cruelle!


Ô brune Hespérie
à la chevelure de nuit attique,
aux boucles astrales
tissées de Pléiades
où ton peigne d'or est
l'étoile reine,
tu fus mon songe
le plus extraordinaire,
ma fantaisie extrême-occidentale
la plus outrancière,
et la plus grande
des Déesses de mon désir lunaire,
de cet iméros des anciens Hellènes
que seul le vin de Lesbos
peut satisfaire!


Ô Aréthuse, lune de mon espérance,
tu es la plus élégiaque
des créatures que j'ai approchées
pendant mes travaux héroïques,
la quatrième des Hespérides,
ces jouvencelles immortelles
qui possèdent les pommes d'or,
au membre de quatre,
plantées par Héra,
l'épouse et soeur de Zeus,
dans le jardin le plus occidental
jamais conquis par la race
d'Hélène et d'Héraclès!


SAVOIR DE POURPRE

RECUEIL INEDIT. JUIN 2005