Chant de Liesse Dionysiaque


La chair opulente et claire
de tes cuisses rondes
fait germer en moi
le désir poignant de cheminer
vers les bords de l'Alphée,
la plus onirique des rivières de ce monde,
afin de satisfaire ma passion,
née de la panique vision
de tes fémurs si vigoureux,
de me rouler dans la terre
mystique d'Olympie,
ainsi qu'un Satyre
ou qu'un vieux Silène
que son âne aurait jeté bas,
agité par le rythme affolant
des chants bacchiques
et des danses frénétiques des Bassarides,
ces Bacchantes en folie,
ces Mimalonnes en furie,
ces Ménades en délire,
ces Thyades en extase!


Oui, mon Dieu, mon Sauveur,
mon Préservateur,
c'est bien Dionysos,
le gai Bacchus des Latins,
l'extatique Bacchos des Hellènes,
l'inspirateur de l'enthousiasme sacré,
le déclencheur de la fureur créatrice,
le familier démon de la fougue érotique
qui me pousse à m'unir
à toutes les jouvencelles
dont la chair est ample
comme la mer
et ferme comme l'Olympe!


Venez, ô les plus tendres
d'entre les jeunes filles
non endurcies par l'argent,
venez vous égayer
aux sons des flûtes de corne,
des tambours recouverts d'une peau de boeuf
et des cymbales assourdissantes,
cependant que les plus hautes montagnes
résonneront de vos rires
frais comme des pastèques
et que les grands arbres bondiront
et que les douces collines
danseront en rond!


Et surtout, ne nourrissez aucune inquiétude
à propos de votre honneur,
et ne vous souciez guère de votre virginité,
car le Dieu saura bien
vous arracher celle-ci
en vous faisant boire
du vin pur
qui ressemblera à du miel attique!


Songez seulement
à bien pratiquer les mystères de Bacchos
dont vous êtes les plus lucides
des initiées
et les plus emportées
de ses fidèles
parmi les jeunes femmes aux tresses brunes
du Péloponnèse!


Ô Dieu qui brilles la nuit,
ô divin taureau,
daigne être l'auditeur
de cette ode dionysiaque aux jeunes femmes
et le juge qui décernera le prix
de la meilleure pièce lyrique
à l'un d'entre nous autres,
poètes aux cheveux d'or
et poétesses aux prunelles languissantes!


LA TOPAZE MYSTIQUE

RECUEIL INEDIT. AOUT 2005