Chant Arcadien


Le soleil de soufre de l'Assomption
tant exalte en moi
la faculté féerique de l'imagination
que je me vois très franchement métamorphosé
tantôt en chasseur de merles blancs,
tantôt en polémarque élaphophage
ou chef de guerre mangeur de biches,
voire en Agapénor,
ce prince d'Arcadie qui fonda Paphos
et bâtit un sanctuaire d'Aphrodite
à Palaipaphos!


Sans doute, si j'en juge par moi-même,
ce dernier devait adorer
la Noire Aphrodite
ou Aphrodite Mélainis,
car c'est la déesse de la nuit
propice aux amants!


Et voilà pourquoi tant
de jeunes filles grecques
préfèrent s'appeler Aphrodite
plutôt que Marie!
Car il flotte sur leurs cheveux,
dans leurs prunelles,
sur leurs sourcils
et sur leurs lèvres
comme un parfum léger
de foi païenne!


Et c'est la raison pour laquelle
elles plaisent tant:
c'est Cypris la Paphienne
qui imprime ce merveilleux mouvement
à leurs fesses opulentes et élastiques,
les transfigurant en grandes cavales d'Epire
qui dansent parmi les nues
avec leurs ailes blanches
de vierges divines!


Cependant, sur mon navire en bois de sapin,
il y a des Nymphes
qu'en bon Arcadien
j'appelle des Naïades, Dryades
et des Epiméliades!


Et elles sont toutes éprises
de mon vers lyrique,
car c'est le seul
qui sait mener en toute sécurité
cas charmantes demi-déesses
à la montagne de l'immortalité,
sise en terre arcadienne
et portant le nom fameux de Cyllène,
ce berceau d'Hermès, l'espiègle enfant,
l'habile voleur de génisses
et illustre facteur d'instruments de musique,
compositeur lui-même
de mélodies ineffables
faisant délirer d'amour
les nobles jouvencelles achéennes!


Et, c'est ainsi que la très chrétienne
fête de la Vierge,
tenant lieu de la fête païenne
d'une Déesse antique,
m'entraîne dans votre sillage,
ô filles sublimes d'Arcadie
et superbes Grecques!


AIGLES DE FEU

RECUEIL INEDIT. AOUT 2005