La Bien-Aimée de Novembre
Ô ma suave Aimée,
ta croupe est large comme l'Axios,
ce fleuve qui arrose toute la Macédoine
et se jette dans l'Egée
de la ferveur des amoureux
s'embrassant sur les terrasses
qui dominent la mer,
cet Axios que le roi Alexandre le Grand,
fils d'Olympias et de Philippe,
maintes foi traversa dans une nef pavoisée,
avec son Bucéphale bien-aimé,
comme un éclair dans les ténèbres,
comme le tonnerre omnipotent
qui gronde dans la nuit de la débauche,
où toutes les barrières sont inondées
par les libations de vin bachique
des copulations frénétiques
et cèdent sous la pression
des cataractes de semence
d'où, au printemps,
naîtront les épis de blé!
C'est pourquoi, à chaque fois
que je dois t'aimer,
je vois en rêve
Alexandre à cheval sur le Bucéphale!
Car, de même qu'Alexandre,
emporté par la gloire,
rapide comme les faucons,
traversa l'Asie
de l'Hellespont au Gange,
de même moi,
monté sur le cheval de ma fureur sacrée
et emporté par la puissance génésiaque,
je traverse le brûlant continent
de ton corps,
de ta bouche chaude
à ta vulve de velours rose!
Cependant, la pluie de Novembre
féconde mon cerveau,
siège de mon âme!
Et de même qu'Alexandre
frémissait de la tête aux pieds
de ses conquêtes futures,
de même, moi, je frémis tout entier
de la République de l'Harmonie
que je fonderai un jour
et dont la suprême magistrate,
la sainte Basilinna,
sera toi, ô Bien-Aimée
de mes chemins humides de Novembre!
HYMNE A L'AURORE
RECUEIL INEDIT. NOVEMBRE 2005