À l'Incarnation du Destin


Qu'on ne touche à toi
qu'avec amour,
ô petite fille adorée
dont le corps est téméraire
comme ce fleuve d'Argolide,
le fameux Erasinos
que ses rives suffisent à peine
à contenir,
tant il est de tumultueuse beauté!


Mais quand je te caresse,
tu sembles l'Astérion aux flots calmes
et ta vulve paraît alors
égale, en puissance de nostalgie,
à la fontaine Langie,
tant elle ressemble à une retraite paisible
d'aède rêveur
ou d'ascète tranquille!


Or, quand il s'agit de te faire aimer,
tu deviens alors aussi orageuse
que le violent Inachos
qui répand autour de ses eaux
une opulence digne
de celle des plaines de Messénie!


C'est que dans tes artères
et dans tes veines
coule le plus suave des miels,
le miel de l'Attique
né du thym,
le lait nouveau du printemps,
le vin d'Icarion,
cet hôte de Bacchos
qui en répandit l'usage à Athènes
et, enfin, le sang de ton sacrifice,
embrasé par l'étincelle de ta vie
délicate, mais si profuse,
si exubérante!


Ta brune chevelure
qui t'arrive jusqu'aux fesses
est plus suggestive
d'empires hors de ce monde
que l'Acropole d'Argos elle-même
qui porte le même nom
que Larissa la Thessalienne!


Oui, tu es l'incarnation même
de la force de mon destin
qui me fut hostile dans le passé,
mais qui soudainement
est devenu amical
et agréable outre-mesure
de par l'ombre de ton sein humide
dans mes yeux éblouis!


HYMNE A L'AURORE

RECUEIL INEDIT. NOVEMBRE 2005