La Marche de la Luxure
Quand tu marches triomphale
comme l'étendard déployé
d'un prince de l'Eglise
ou comme le labarum sacré,
tissé de fils d'or,
de l'empereur de la Nouvelle Rome
Constantin le Grand,
tu ressembles au fleuve Elisson
dont le cours sinueux
forme mille méandres
à travers les terres
opulentes du Péloponnèse,
tant tu es flexible et souple
et agile et libertine,
tout en gardant
ton aristocratique beauté!
Mais l'aristocratie ne gît-elle pas
dans le pur plaisir des sens
et dans les spectacles les plus lascifs
qu'offre la luxure?
Or, la luxure est comme la fontaine Hippocrène,
née du cheval ailé,
enfant de la Gorgone,
et qui partage le secret douloureux
des aèdes!
Oui, ô toi qui es la Très Aimée
de mon coeur connaisseur,
je partage l'opinion
qui fut celle des Cyrénaïques
et, dans une moindre mesure,
celle des Epicuriens,
non pas parce que je suis béat
devant toute sagesse ancienne,
mais parce que j'y suis porté
de par les tendances
les plus radicales
de mon esprit rebelle à toute austérité,
de par les dispositions
les plus essentielles
de ma psyché aurorale!
Venez tous, mes fils et mes filles,
ensemble entonnons
l'hymne de notre luxure
et de notre passion de vivre
qui nous guérit de l'affliction,
nous élève jusqu'aux cimes du Cyllène
et de l'Olympe
et nous sauve de la guerre inutile
de notre intellect
contre notre corps de gloire!
C'est que nous ne reconnaissons
d'autres Dieux et d'autres Déesses
que notre courage
et que notre rapière
preneuse de villes!
Oui, comme le héros Polynice
et ses amis venus d'Argos,
marchons sur la Thèbes Bien-Aimée,
tombée entre des mains indignes!
HYMNE A L'AURORE
RECUEIL INEDIT. NOVEMBRE 2005