À Hélène de Sparte


Ô Bien-Aimée de Zeus
et soeur de Castor et Pollux,
ta croupe est une trière victoriale
aux mille rameurs,
haute comme le sanctuaire de Delphes,
mais dont les voiles sont
de soie de pourpre
et le pont est recouvert
d'un vélum brodé d'or
sous lequel les aulétrides ou flûtistes
jouent des hymnes
en l'honneur d'Aphrodite
que dansent les Thyades
armées de sistres et de crotales
et que toi-même tu chantes
ainsi qu'une impératrice
à la voix de cantatrice!


Cet après-midi même,
je fus comme foudroyé
par la vision stellaire
de ta hanche toute nue
sous des voiles arachnéens
semblables aux rêves
dont s'enveloppe le discours des sages
afin d'éveiller la sensibilité des initiés
et de préparer ces derniers
à la révélation en douceur
du sens ultime des Mystères Sacrés
de Korè
et de sa Mère
et Mère de tous les Dieux,
Rhéa-Déméter!


Et je lave à grande eau
le pavement de marbre
de ta chambre nuptiale
afin que tu puisses y poser
tes pieds délicats
qui supportent tout le poids précieux
de tes fesses d'or
oscillant entre romantisme barbare
et mystique païenne!


Et de cacher
dans une fibre bachique
toute la vaste haleine d'Apollon,
dont la musique je dévoile
aux Athéniens
comme une rose qui déploie ses pétales
et son parfum
dans les airs qui enveloppent
notre illustre cité!


L'AIGLE DE MIDI

RECUEIL INEDIT. FEVRIER 2006