À la Titanide de l'Amour

Ô Bien-Aimée de Neptune,
le périmètre de ta croupe
mesure autant que le front de mer
de l'Egypte
et fait de toi un colosse de la désirade,
une géante de la volupté
et une titanide de l'amour!


Et ta hanche est aussi profonde
que le lac de Moeris,
le Birket-el-Qouroun des modernes!


Elle est plus charnue
qu'une anguille
et plus robuste qu'un requin blanc
qui se débat sous les coups de harpon
des pêcheurs!


Et elle est plus soyeuse
qu'une olive verte de Kalamai
sur laquelle de la neige
serait tombée
aux hivers rigoureux de la Morée!


Oui, ta hanche est satinée
par le sel de la mer
où tu te baignes toute nue
à l'aube des houris
et de leurs servantes les aulétrides
ou joueuses de flûte!


En effet, chacune de tes courbes est
une caresse du bleu calabrais
sur l'or de la splendeur méridionale!


Et ta démarche est plus nonchalante
que celle de Phryné,
tout en étant aussi sculpturale
que la démarche
de l'Aphrodite de Praxitèle!


Tu embaumes comme l'Attique
à la saison du printemps,
à la saison de Bacchus
où ce dernier s'unit à la Basilinna,
la Reine de la cité,
couronnée de violettes,
cependant que les jeux dramatiques
battent leur plein
et que Eschyle ou Sophocle
emportent le laurier
du premier d'entre les Poètes glorieux!


Ton sourire a la candeur
d'un amandier en fleurs
au mois de Janvier,
tout en manifestant toute la tendresse
et toute l'innocence
d'un coeur de laitue au printemps!


Et quand tu es dans mes bras
et que tu goûtes à ma puissance
et à mon agilité,
tu fermes les yeux d'extase
comme une fadiste de Lisbonne
dans le noir d'une taverne du port!


C'est que tu es plus belle
et plus lumineuse que les Pléiades
quand elles se trouvent
au zénith de leur course céleste!


Et comme elles tu brilles
de tous tes feux,
pareils aux flammes de Vulcain
dont les forges sont
dans le volcan de l'Etna
et épousent par leur chaleur extrême
la lave qui submerge la Sicile!

L'AIGLE DE MIDI

RECUEIL INEDIT. FEVRIER 2006