Hymne à Artémis


Ô Artémis Hymnia,
Bien-Aimée des anges terrestres,
Adorée des hymnes d'or,
quand tu es bien présente
dans la pierre de ton temple
et dans le marbre de ta statue,
on ne sent plus la terrible morsure du mistral,
ni les flèches vénéneuses de la tramontane
et le sirocco lui-même s'apaise
en se métamorphosant en une brise ardente!


C'est en Toi que vit l'univers serein
de la lumière lunaire
et le silence de la nuit
devient auprès de Toi
un rire de rossignol
et un appel de bergeronnette!


Et même la pensée fleurit
sous l'effet de ton haleine
ainsi qu'une rose trémière
dont le calice serait
une trompette d'Avril
et le parfum une taure de Mai!


Tu es la brillante Inventrice
du courage et de la fidélité
à la parole donnée,
de l'abnégation et du sacrifice de soi!


C'est pourquoi on t'appelle
la dépositaire de la pureté des êtres
et on te désigne sous ta qualité
de grande préservatrice de l'innocence!


Car tu possèdes des racines
dans toute la terre grecque,
de Corfou la Phéacienne
à Chypre l'Opulente!


Oui, tu es une racine
d'où naissent des pousses
qui un beau matin
donneront de nouveau
la vigne de la liberté,
le chêne de la justice
et l'olivier de la foi!


Et c'est de ta chair olympienne,
ô Déesse de la fierté,
que se nourriront les siècles futurs
où tu enseigneras aux femmes et aux hommes
une danse harmonieuse
qui s'accordera avec le mouvement des étoiles
et la succession des Saisons,
les détournant de la sorte
de la triste musique des machines!


Lors de tes théophanies
ou des visions
que tu accordes à tes suppliants,
la tristesse même s'épanouit
en une rose embaumée
à cent pétales,
une rose de Bulgarie
que l'on souhaite dérober
aux cimes du Rhodope
afin de s'en flageller
comme un adolescent de Sparte
se fouette devant ton effigie
d'Artémis Orthia
ou Artémis Verticale!


À la vérité, tu es plus douce
que le duvet des cygnes
et plus suave qu'une caresse maternelle
sur la peau d'un lionceau
ou d'un bébé humain,
oui, plus bouleversante
qu'une caresse de Rhéa
sur les joues du jeune Zeus!


Et tu es plus tendre
et plus chaude qu'un regard de brebis
ou d'agnelet
et que la laine vierge de Cachemire!


Car tu es azurée
comme le souffle du zéphyr
en été
et profonde et veloutée
comme le plumage d'un perroquet du Brésil!


Oui, tu es l'Ether
d'un regard de biche
ou d'une goutte de rosée
sur une blanche violette d'Attique!


LE PAPILLON D'OR

RECUEIL INEDIT. MARS 2006