À la Pleine Lune de Juillet


Ô pleine lune de Juillet,
lune adorable
d'entre toutes les lunes,
ô lumière adorée,
je te salue
et te souhaite de cheminer bienheureuse
dans le ciel de la Destinée!


Depuis que tu t'es révélée à moi,
ni la douleur ni le chagrin
ne m'atteignent!


Pourtant, mon coeur angoissé
a tant de peines
que, cependant, tu amortis
par ton ardente musique,
ô lyre des lyres,
ô cithare d'or,
ô flûte d'amour!


C'est que j'ai retrouvé en toi,
à la fois une mère, une fille
et une femme!


Oui, je consens à mon union avec toi
et, donc, je te suivrai
où que tu ailles,
si tu veux de moi!


Ô brillante dans tous tes actes,
ô insuffleuse de félicité
dans les poumons des hommes,
ô mère des petites brises amoureuses,
pareille à Aphrodite d'or,
Celle qu'à Amanthonte de Chypre
on appelle Ariane,
cette Ariane dont tu portes
la couronne d'étoiles
sur ta tête dorée par les zéphyrs!


Ô Jeunesse du monde,
ton trône est incrusté de nacre
et constellé de perles!


Car tu es celle
qui verse à boire aux mortels,
comme Hébé sur l'Olympe!


Et comme tu joues des airs de la vendange
sur un pipeau délicat
comme ton cou de neige,
je t'appelle Méthé,
ce qui en langue grecque
désigne l'Ivresse!


Ô ivresse de l'été,
où est l'Aède,
où est le Ménestrel inspiré par Bacchus
qui dira ton goût délicieux,
que dis-je, bouleversant,
et ta saveur dulcissime,
exquise comme le miel de thym
recueilli par les plus savants
des apiculteurs
sur cette terre attique,
amie des hymnes,
sur ces suaves collines et montagnes
qui égayent le noble paysage
autour d'Athènes la Sainte!


Mais pourquoi, tout à coup,
ces nues menaçantes
s'amoncellent-elles dans le ciel?
Serait-on déjà à la veille de l'automne?


Rassurez-vous,
et dormez sur vos deux oreilles!
Le zénith de la belle saison
n'a pas encore lui!


Ô pleine lune de Juillet,
il y a bien longtemps
que tu t'es pour la première fois
révélée à moi,
comme ma mère et mon épouse!


Depuis, une nouvelle génération
s'est levée,
une génération qui semble renier
ton ineffable Beauté
que, cependant, tu dispenses à pleines mains
sur ceux qui te désirent,
à la façon de Dionysos Lysios,
Iatros et Sôter,
autrement dit Dionysos le Libérateur,
le Guérisseur et le Rédempteur!


Ô pleine lune triomphale de Juillet,
depuis que tu es apparue à moi
devant ma fenêtre de jeune homme,
ma volonté de puissance
a centuplé
et, aujourd'hui, je vois avec émotion
Niké la Victoire
poindre à l'horizon,
ailée comme la Victoire de Samothrace!


LA DANSEUSE DE CADIX

RECUEIL INEDIT. JUILLET 2006