Hymne à la Victoire
Ô Victoire aux ailes d'or,
toi qui es suspendue
aux rares nues
traversant le ciel d'Août,
toi qui dépends de l'aimantation
de la constellation du Lion,
tu es la fille d'Aphrodite et de Zeus
et, en tant que telle,
tu es digne d'être chantée
par les rossignols,
ces compagnons des Muses,
et par les aèdes,
fils et filles de ces dernières!
Sois ma Muse et ma Madone,
toi qui es si lente à tourner ta face
vers les mortels,
puis, tout d'un coup,
si rapide à venir
et à remplir leurs têtes,
plongées dans l'obscurité
la plus totale,
de ta splendeur auguste,
ô toi qui es une feuille fauve de platane
en automne
et qui donnes de la substance
et de la réalité
à ces ombres passagères
que sont les hommes et les femmes
de ce monde!
Or, tu n'as nul besoin
d'être adorée dans des temples de marbre
aux portes d'airain!
D'habitude, les humains te célèbrent
sous un olivier sauvage,
ce même olivier
dont les rameaux servent à parer
les cheveux des vainqueurs
aux jeux Olympiques!
Et, c'est devant cet arbre pieux
que les citoyens et les citoyennes
font leurs prières, debout,
et se servant dans ce but
de grains d'orge et de blé
qu'ils jettent aux vents,
en t'invoquant!
Ô toi, la Niké des Grecs
et la Victoria des Latins,
sois ma compagne
dans ce pénible voyage
qu'est la vie humaine!
Oui, fais en sorte
que ma vie,
de semeuse de discordances
qu'elle fut dans le passé,
soit désormais une moissonneuse de froment
et une vendangeuse de raisin
vermeil ou fauve!
LA REPUBLIQUE DES OISEAUX
RECUEIL INEDIT. 10 AOUT 2006