Ode à la Déesse de la Beauté


Ô mon doux soleil
devant qui les princesses elles-mêmes
ne sont que des torches
allumées dans la nuit chaude d'été,
sois pour moi une barge royale,
laquée et dorée,
qui descendra à minuit
le cours du Gange
jusqu'à l'océan
et dont les rameuses
seront des bayadères
qui chanteront toutes ensemble,
ainsi que des rossignols de Mai,
afin de rester en rythme!


Sur cette gondole impériale,
les deux plus grandes rames
tiendront lieu de gouvernail,
illustrant de la sorte
tes jambes,
levier de ton mouvement
quand tu te promènes
dans les parcs du Paradis,
entre les haies de fleurs
et les massifs de plumes!


Au milieu de la barque seigneuriale
s'élèvera une tour ronde
portant la statue
de la Reine
et figurant ton ample hanche
de bronze doré!


Et la pirogue souveraine,
suivie de mille bateaux,
sera illuminée par tes prunelles
divinement ardentes,
comme par des flambeaux
dont les flammes seront
des baisers chauds
sur mon corps
jamais las de t'attendre!


Ô rossignolet de mon âme,
quand viendras-tu
te pencher sur ma couche
de vieillard resté enfant
et où la nuit
je rêve de Toi
comme d'une civette des palmiers,
oui, comme d'un animal
dont les habitudes nocturnes
le poussent vers les habitations
des humains!


Pensez donc à moi,
Toi et Ton Divin Epoux
quand, à l'aube,
couvert de sueur d'angoisse,
après un mauvais rêve,
je tendrai les bras
vers le mont Méru
où siègent les trente-trois
Dieux et Déesses de l'Inde!


Sois, ô ma Déesse,
la baie douce
où, au terme de mes pérégrinations,
j'aborderai
par une après-midi calme
de clément Octobre!


LE PONT DU SOLEIL

RECUEIL INEDIT. OCTOBRE 2006