Hommage À Hafez Shirazi


Sous les arcs de tes sourcils
pareils aux arcades d'une église égéenne
je médite sur la valeur de la vie,
Dons des Dons,
Qualité des Qualités,
et plus particulièrement
sur ton existence
reçue des mains invisibles
de l'ange gardien,
sur ordre de la Bellissime Vierge,
Reine des Cieux!

Car s'il est vrai
que tu détruis mon coeur,
il est dix fois plus vrai
que tu embellis la Lune
et les étoiles
par les oeillades que tu me lances,
à moi, pauvre poète
dont le sang se nourrit
de ton arôme!

Et je ne nie pas être ton esclave,
mais Hafez Shirazi,
poète de l'amour
devant l'Éternité,
ne disait-il pas

que seuls sont libres
les prisonniers des sourcils
de leur Bien- Aimée?

Oui, seuls les ivrognes de l'Amour
méritent la grâce du pardon,
ceux-là même qui fréquentent les tavernes
parce qu'ils sont les prisonniers
de l'Âme
telle qu'elle se dévoile
dans les beaux yeux d'une femme cruelle
au sein comme une coupe de vin!

Qui a bu dans cette coupe,
jamais il ne mourra,
car le Ciel infini
qu'est le vin de la Bien- Aimée
le protège!
Ô ma houri
aux prunelles d'ivoire et d'ébène,
tu inventes hors de ce monde
et de l'autre
un chemin jusqu'à moi
qui ne suis digne
que de ramasser les violettes
que négligemment tu laisses choir
sur ton passage
chanté à l'unisson
par tous les rossignols
de l'allée de cèdres parfumés
que tu traverses toute seule,
comme une Reine!


DEPOUILLES DE CYCLAMEN

RECUEIL INEDIT