Le Chant Unique


Le vent s'élevant de ta beauté
m'emporte vers le sommet de mon esprit
où, bien que je me bouche les oreilles
avec de la cire d'abeille,
j'entends ton chant,
supérieur au chant des antiques sirènes,
tant aimées et craintes à la fois
des marins,
comme moi-même je te crains,
tout en t'aimant!


C'est que tu chantes
comme les racines de l'Être
et comme les abysses du plaisir!


Tu es une flèche d'or
que je lance à la mer
où voguent des barques tendues de velours,
aux timoniers ivres
et habitées de jouvencelles
jouant avec art des guitares!


Tu es un navire illuminé
quittant au point du jour son havre
pour l'archipel des délices,
où la houle soulève
une écume de perles!



Plus savante que folle,
et plus profonde que voluptueuse,
tu me conduis, plus qu'à l'excentricité,
à l'anéantissement de l'extase
et à l'ascèse de la passion!


Oui, je suis un ascète
passionné par l'alchimie des noces
avec l'Epouse envoyée par la destinée!


Car je suis le fiancé
de l'aube,
et, déjà la table nuptiale
est dressée
et la chambre de l'union
m'attend et m'espère
comme une jeune et sage vierge!


Ô toi, peuple de Jéricho,
et vous, citoyens de Naplouse,
accourez au mariage
de la dame de la mer
avec le fiancé de l'aurore
qui va se lever bientôt
sur les ruines de vos villes!


Ensemble nous érigerons
une cité nouvelle
avec les vestiges du passé
et nos rêves nouveaux,
bien qu'éternels!


EBLOUISSEMENTS

RECUEIL INEDIT. AOUT 2004