Le Fiancé Des Hourias


Comme j'aime fendre le vent
comme un faisan qui approche
des roses du paradis,
ces mêmes roses pour qui
j'ai maintes fois cui
dans le chaudron des pécheurs,
bien que libre de tout lien terrestre,
ayant fui les miasmes
dans la pure Arabie,
berceau des faucons,
et dans le lointain Iran,
patrie des aigles de feu
et des métaphysiciens!


Comme j'aime parcourir les espaces sidéraux
ainsi qu'un taureau ailé,
un de ces taureaux
que l'on voit s'envoler
d'entre les briques vernissées
de jaune, de bleu et de noir
sur les murs de Persépolis,
fiancé des hourias,
et frère des amazones
que la pure vision
de la chevelure ébénine
de la Bien-Aimée
fait frémir dans la veille
comme dans le sommeil!


Cependant, par la brise
embaumée de rossignols,
ivre de roses
et couronné d'acanthes,
je languis du continent natal!


De par le mystère
de la jouvencelle qui passe souveraine,
je voue mon âme
aux astres et aux lunes!



Et ce sont les ténèbres
qui inspirent la haine de la vie
aux infortunés, aux estropiés, aux aveugles,
aux hommes et aux femmes grossiers
dont l'engeance grotesque
fuit la lumière!


Cependant, une force extraordinaire
m'est venue à ma vingt-quatrième année,
et, depuis, je combats pour l'immortalité
que l'homme ne doit gagner
que par une âpre lutte
de tous les jours
et de tous les instants!

Et certes, je ne recherche pas
l'immortalité par vanité
ou par sot orgueil,
mais parce que je crois en la Renaissance
et espère en la Révolution!


Ô Dieux et Déesses généreux,
venez à mon aide
sur le champ de bataille
de mon âme où se passe
le gros de mon effort!


Car je cherche la race,
la racine, la puissance de l'action
et la pureté de la pensée
propres aux Arabes, aux Persans
et aux Hindous de la haute époque!


RUELLES DE STAMBOUL

RECUEIL INEDIT. SEPTEMBRE 2004