La Fleur de Mélèze


Ta croupe bénie par le soleil,
la terre et la lune,
m'entraîne dans ton sillage
de fleur femelle de mélèze,
aussi verte qu'une émeraude du paradis
et que la mer hiémale,
tant qu'il me semble que je pénètre
dans un humus souple et léger,
riche et substantiel,
consistant et aérien!


C'est que je dispose
de réserves immenses de vitalité
qui se renouvellent à ton contact
sain et saint,
miraculeux et salutaire!


Oui, jusqu'ici le contact
avec un être dont la chaleur
serait complémentaire de mon ivresse démonique
m'a manqué intégralement!


Et je crois avoir trouvé
le sésame de la solitude
qui est la liberté
à délaisser ou à conquérir,
selon que notre état d'esprit
est crépusculaire et décadent
ou, au contraire,
euphorique et ascendant!
À travers l'air fortifiant de l'hiver,
je sens flotter
des sortilèges de printemps,
des anémones précoces,
des primevères imaginaires
et des jonquilles à venir!


Et je suis certain
que les amandiers qui dans quelques jours
fleuriront,
m'apporteront la résurrection de la chair
et la renaissance de l'âme
sur des bases nouvelles,
aussi solides que les quatre mille
piliers de Thèbes!


Déjà des arômes de thym
me parviennent des montagnes de l'Attique
et des parfums d'encens
des églises schismatiques
où l'on célèbre le mariage,
jusqu'ici tenu apocryphe,
de Jésus avec Marie-Madeleine!


Car c'est Madeleine la prostituée
qui est l'épouse de Notre Maître
et l'église vraie du Christ,
de même que la Sulamite
était l'âme de Salomon
et le temple authentique de Jérusalem!


COEUR DE CINABRE

EDITIONS ENCRES VIVES. SEPTEMBRE 2005