À la Manière du Grand Siècle
Je marcherai dans Paris
le long du quai des Tuileries
et sous les fenêtres du Roy,
toutes timbales sonnantes,
défiant ainsi sa Très Chrétienne Majesté
afin de l'obliger de se battre avec moi
en combat singulier
dans l'enceinte même du Louvre!
Le prix de ce combat
sera la main de Mademoiselle,
cette princesse du sang frondeuse,
cousine de Louis le Grand,
et qui s'est battue jadis comme un homme,
les armes à la main,
bottée et éperonnée,
dans Paris la Révoltée,
pour défendre la liberté des seigneurs!
Car tel est mon goût du risque
que je trouve évident et même aisé
de vouloir offrir ma vie
pour une femme aussi rare
dont la beauté porte ombrage
aux Déesses de l'Olympe
et met en émoi les jeunes Dieux,
dont Apollon, le magnifique prétendant
de toutes les jeunes filles de qualité!
Or, moi, je prétends épouser
cette jouvencelle de marque,
ne craignant ni la convoitise d'Apollon,
ni le courroux du Roy!
Et de même que Don Juan
n'avait pas peur de parler
au Commandeur lui-même,
de même, moi, je n'ai pas peur
d'aller contre le sentiment,
si enraciné,
du commun des mortels
qui veut que tout le monde
se fasse humble!
Oui, je ne crains de paraître
tel qu'en moi-même,
un pauvre poète, certes,
mais dont la conscience
s'étend à l'univers tout entier,
par-delà les classes,
au-delà des frontières!
Les officiants du culte de la modestie
auront beau médire de moi,
je n'en ai cure!
Car je pense comme Monsieur Voltaire,
à savoir qu'un seul ami
vaut bien cent prêtres!
ORAISONS PAIENNES
RECUEIL INEDIT. MARS 2005